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Pendant plusieurs mois, il a été l’une des attractions principales d’On n'demande qu'à en rire, le rendez-vous de Laurent Ruquier sur France 2. Après son départ de l'émission sans trop d'explications, Mr Fraize revient pour nous sur les raisons qui l'ont poussé à partir et nous révèle sans tabou ce qu'il pense de l'émission.

  Les assidus d'On n'demande qu'à en rire se souviennent forcément de Mr Fraize, un humoriste pas banal avec son polo rouge et son pantalon trop court. Lors de son premier sketch le 22 mars 2011, il avait marqué les esprits en parlant très peu mais en faisant beaucoup rire. Par la suite, ses apparitions relativement espacées mais toujours très attendues, ont fait de lui une des mascottes de l'émission.Lors de son 10e sketch le 8 décembre 2011, il est buzzé par le jury qui lui reproche de rester trop sur ses acquis. Le jury choisit ainsi de le confronter un lundi en direct aux votes des téléspectateurs. Sans donner trop d'explications, Mr Fraize préfèrera finalement ne jamais revenir.Génie pour certains, imposteur pour d’autres, nous avons retrouvé cet humoriste hors norme pour en savoir davantage sur les raisons de son départ et ce qu'il pense de l'émission. Et contrairement à son personnage, il est loin d'être naïf et n'a pas la langue dans sa poche !Vous étiez très populaire dans On n'demande qu'à en rire, pourquoi avoir décidé de partir ?Pour les derniers passages, j'avais moins d'adrénaline. C’est comme quand on n'a plus le trac avant de monter sur scène, c’est mauvais signe. Je sentais que je commençais à m’installer et c’était le danger. De plus, ce n'était pas mon dada de me faire noter. Il y a une petite question d’égo là-dedans mais quand on est plein de petites starlettes qui se côtoient, il y a une fausse ambiance… Il faut jouer le jeu, sinon, il vaut mieux partir et c’est ce que j’ai fait.Votre 1er sketch a fait un vrai buzz !C'est celui que je retiens le plus. Ils se font tous chopper. Personne n'arrive à savoir ce qu'il se passe. Les gens sont gênés et rient nerveusement. C'est exactement ce genre d'ambiance en télé qui est rare. J'ai adoré ça, mille fois plus que tous les autres passages.Après ce sketch "silencieux", cela n'a pas été trop dur de se renouveler ?J’ai joué sur le muet au début pour me démarquer des autres. C’était ça l’intérêt. Mais le jury m’a vite catalogué là-dedans, alors que durant mes 10 passages, seulement deux sont silencieux et encore… Le 1er, je l’ouvre quand même. Mais dans mon spectacle, mon personnage est loin d'être muet. Il a des choses à dire, Mr Fraize !Laurent Ruquier n’avait pas l’air d’apprécier vos passages trop espacés dans l’émission…  C’est vrai que je leur ai un peu imposé. Je trouvais que c’était pas mal de stress et surtout, je préférais privilégier la scène à la télé. Au début, ça les faisait rigoler et progressivement, ils se sont aperçus que j’étais un vilain petit canard car non seulement je venais rarement, mais en plus, je refusais de jouer avec mes camarades dans les sketchs collectifs, et autres grosses conneries où tout le monde joue Récré A2. C’est ça qui les a fait monter en mayonnaise. Sur la fin, ils remarquaient que je tirais mon épingle du jeu mais que je décidais un petit peu trop. Avez-vous été blessé par certaines remarques du jury ?Non, je sais que c’est uniquement de la provoc’ pour booster l’audience. Ils jouent un jeu, ils savent très bien qu’il y a un travail derrière ce que je fais. Ce n’est pas très sain, ça fait un peu "jeux du cirque",  mais je pense qu’au final, c’est juste pour faire fonctionner l’émission.Continuez-vous à la regarder ? Oui, mais je commence à m’en lasser, ça devient de moins en moins bon. J’ai l’impression qu’ils ont du mal à trouver des artistes et qu’ils recrutent un peu dans les fêtes foraines. Même les anciens commencent à tirer la langue. Ca devient trop facile, trop racoleur. On m’a dit que le changement, c’était maintenant peut-être qu’en 2013, il n’y aura plus On n’demande qu’à en rire !N’êtes-vous pas trop déçu de partir sur un sketch où vous êtes buzzé ?Un peu, je voulais partir la tête haute, à l’image c’est plutôt la queue basse (rires). En fait, j’avais déjà imaginé mon dernier passage. Je comptais me faire buzzer volontairement et pendant que je me faisais critiquer par le jury, je m’écroulais et fondais en larmes en prétextant qu’ils ne pouvaient pas me virer car ma mère avait tiré 5000 affiches du spectacle et que la télé, c’était toute ma vie. Là, je leur faisais un sacré pied de nez et je me foutais un peu de leur gueule, mais sans méchanceté.Trouvez-vous le jury de l'émission légitime ?En tant que professionnels, ils ne sont évidemment pas légitimes pour juger les mecs en 30 secondes, appuyer sur un buzz et faire les malins. Même Eric Métayer qui a du talent, il n’a pas non plus une carrière incroyable. Sans compter les autres, Jean Benguigui, il est gentil mais bon… La légitimité n’est là que parce que c’est une formule à audience parfaitement rôdée. Catherine Barma est la méchante riche qui ne comprend rien, Benguigui, le mec franc du collier, Métayer, le médiateur et Ruquier, il la joue un coup très gentil, un coup très con. Dans l’émission, quels sont les humoristes qui vous plaisent ?Je remarque que ceux qui tirent leur épingle du jeu, ce sont les pointures comme Arnaud Tsamère ou Olivier De Benoist, des grosses productions qui sont au four et au moulin. Mais les autres, non. Par exemple, Babass, je trouve que c'est la plus grosse arnaque du siècle ! Moi, c'est une fausse arnaque, lui, je crois que c'est une vraie ! Ils n'arrivent pas à le virer, ils le gardent un peu comme un quota d'handicapés qu'il faut avoir dans son émission. C'est dommage, c'est un mec que j'aime bien mais il faut reconnaître qu'il fait de la merde 3 fois sur 4 dans l’émission. En même temps, il continue de faire son chemin et les gens parlent de lui, il ne pouvait pas espérer mieux !Depuis l’émission, où peut-on vous voir sur scène ?Je joue partout en France, même parfois en Belgique et en Suisse. Je tourne en province, j’en suis très étonné et heureux. En revanche, Paris et Avignon, ce sont deux jungles que j’ai toujours évitées de traverser. Avignon, j’y joue pour la première fois cet été mais je sais d'avance que ça ne va pas me plaire ! (rires) Là-bas, tous les artistes se tirent la bourre.Quand avez-vous créé ce personnage de Mr Fraize ? ll y a 12 ans et il était déjà comme ça. Il avait ce côté infantile, naïf. Il y a eu des moments un peu durs où je n’en pouvais plus de le jouer. Je l’ai donc laissé tomber 3 ans avant de le reprendre.Vous aimez vous faire rare sur scène ?Je suis un drôle de lascar dans ce milieu car je ne suis pas carriériste. Je n’ai qu’une ambition : avoir un spectacle au top. J’y travaille tous les jours mais sinon, c’est un métier où il faut se placer, faire des ronds de jambe. On m’apprécie pour mon honnêteté mais en même temps, je suis délaissé par tous ceux qui voudraient me lancer comme un paquet de lessive pour bosser 6 jours sur 7. Je préfère privilégier 1 ou 2 spectacles par semaine et faire en sorte que ce soit les meilleurs possibles. Rare sont ceux qui font ce choix-là. J’ai 38 ans,  j’ai toujours pris mon temps. Je crois plus à la durée qu’au buzz.Au final, vos passages dans On n'demande qu'à en rire restent une bonne expérience ?Bien sûr ! Je critique la forme mais sans aucune amertume. Cette télé a été bien utile car elle m’a permis de me donner des contrats pour la scène et de m’apporter une chouette visibilité. Sur la fin, je n’étais plus motivé. J'ai préféré rester honnête et partir. Je ne le regrette en aucun cas. J'espère qu'ils ne l'ont pas pris pour eux. Ce qu'ils m'ont mis dans la gueule, j'en fais le jeu de la télé. Ils ont besoin de ça pour exister. Moi, ça ne m'a pas empêché de dormir !Propos recueillis par Thibaut LescuyerMr Fraize jouera au Festival d'Avignon, au théâtre Le Palace, tous les jours du 7 au 28 juillet prochain. Retrouvez-le également sur son site Internet monsieurfraize.com