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Lynne Ramsay signe une odyssée noctambule et hallucinée entre Taxi Driver et Bronson, mais raté. Très.

Joaquin Phoenix en american psycho (clin d’oeil Hitchcock), on demande d’abord à voir. L’acteur est ici imaginé en nettoyeur complètement marteau (son arme de prédilection), catogan, casquette, capuche (les trois ca, un de trop) et énorme barbe en dégradé vers le sel. Joaquin prend le cadre comme un acteur russe (épais, boeuf, flasque et dur à la fois) et Lynne Ramsay le cadre à l’horizontale, multiplie travelings et panoramiques latéraux, sauf dans une scène d’attaque déstructurée (son qui déraille, caméras de surveillance aux coins des plafonds) dans un club select de rencontres entre cadors politiques et fillettes en déshabillés de nuit, supposées donner son contexte dramatique (et moral) au film.

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Entre Taxi Driver au marteau dans la gueule et Bronsonade art house, on suit une virée dans la psyché trauma d’un pauvre type persécuté par la vie, des images – et des envies – de morts plein la tête. Se fera-t-il sauter la cervelle ou suffoquer au sac plastique ? Mais pourquoi pas les deux ? Les retrouvailles entre Phoenix et Jonny Greenwood (musique des films de P.T.A.) sont plus qu’un indice, un aveu – et la clef du positionnement esthétique velléitaire du projet. S’il existait du « cinéma Pitchfork », A beautiful day en serait le prototype +++, l’élève idéal, note 9,6/10, jouant sur la fragmentation, les cassures, les dérèglements, la perte de sens (espace, temps, raison) parce que l’art, c’est ainsi, se doit d’être disharmonieux, arythmique, fracassé et hallucinatoire, comme dans un film de Nicolas Roeg (maître, modèle et horizon) mal imité. A la limite du pastiche et de la caricature (donc de la parodie), on a trouvé le Only God Forgives 2017. Précisions que nous n’y voyons pas un compliment.