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Le premier opus est à revoir ce soir à la télé, alors que le n°4, bien moins réussi, sort en salles.

Mise à jour du 12 octobre 2023 : Si Expendables 4 se fait actuellement assassiner par la critique, en 2010, Première avait défendu le premier volet, dont le concept fut imaginé par Sylvester Stallone, qui voulait retrouver ses potes et adversaires des années 1980 réunis dans un seul actioner. Voici la longue critique que nous avions publiée à l'époque.

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Critique du 18 août 2010 : C'est simple : Expendables est sans doute l'un des films les plus dingues de cette année. N'écoutez pas les critiques lessivés : voici pourquoi le nouveau Stallone est un chef d'œuvre.

Pour bien mesurer la beauté du miracle “Expendables”, il faut se rappeler à quel point Rocky Balboa n’était pour ainsi dire “rien” au moment de sa sortie, au début de l’année 2007, sinon le vague baroud d’honneur d’un ex-caïd, évidemment honni par l'internationale de la cinéphilie, et qui était également parvenu à s’aliéner - à force d’égo-trips risibles et d’affreux navets étalés sur trois décennies - la quasi totalité de son public d’antan.

Il y a à peine trois ans et demi donc, que ce petit film de rien du tout, shooté à l’arrache en à peine trois semaines, faisait chialer des spectateurs par millions, leur rappelant avec sa fragilité téléfilmée à quel point, on a tous en nous quelque chose de Balboa Rocky. Et donc de Sylvester Stallone. Qu’on ait grandi dans les 80’s ou non. Qu’on ait fini par le confondre avec sa marionnette des Guignols, ou qu’on le pense en authentique mythe du cinoche US.

Dès lors les clivages pétaient les uns après les autres à l’aune de ce triomphe surprise, tant chacun (les vieux, les jeunes, les intellos, les routiers, les étudiants en philos, ad lib) s’autoproclamait illico en adorateur convaincu du Sly. Et pour la première fois de sa carrière, l’étalon italien faisait l’unanimité partout où il passait.

Adulé comme il ne l’avait plus été depuis Rocky 4, mais pas tout à fait par le même public, ni tout à fait pour les mêmes raisons, Stallone, qu’on imaginait avec le sticker “Nostalgie, quand tu nous tiens” collé en travers de sa gueule burinée, revint alors faire le ménage au sein de sa fan-base et exterminer la vermine avec un poison terrassant : John Rambo. Gaulé comme un B thaïlandais, tout en muscles, et éviscérions gorissimes, le film, vaguement mélancolique, impressionnait surtout par son énergie électrisante et sa brutalité insensée. Surtout pas l’oeuvre d’un papy assagi, filmant à hauteur d’homme, comme le laisser suggérer le précédent, et tant pis pour ceux qui imaginait un Sly repentant, en voie d’eastwoodisation tardive. Avec John Rambo le message était clair: les Oscars, ça serait pour une autre fois.

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Troisième mouvement de ce come-back ébouriffant (le plus dingue de l’histoire du ciné ? Allez savoir...), The Expendables se soucie encore moins de la respectabilité que le furax John Rambo. Le film fout les deux pieds dans les plats, et la main au cul de ses spectateurs, en lui proposant un gros ride plein d’explosions en Amérique Latine, d’Harley customisées, et de séances chez le tatoueur du coin.

Comme au bon vieux temps ? Même pas. Et c’est là la grosse surprise, tant The Expendables se refuse presque obstinément à toute mélancolie, pour se penser surtout comme un gros film d’action profondément contemporain. Alors oui, il y a scène so 80’s avec le Sly, le Bruce, et Le Gouverneur. Et il y aussi le vieux Mickey Rourke qui fait chialer en causant de la fin d’une époque, seul devant son miroir, avec sa tronche complètement difforme. Mais il y a surtout des scènes qui débourrent, et sur lesquelles aucun (AUCUN) blockbuster des ces trois dernières années ne peut s’aligner en terme d’excitation pure et de brutalité à la cool. Du coup si le film, gouailleur et looké comme un produit de vidéoclub, loin de la beauté crépusculaire de Rocky Balboa, ou de la stylisation hardcore à la John Rambo, risque de décevoir les adorateurs du bon goût, il n’en reste pas un moins un sommet d’entertainment mené à un rythme d’enfer, et de ce point de vue là, un des meilleurs Stallone jamais vu.

Reste que le film fascine aussi et surtout parce qu’il est à la fois l’antithèse absolue de Rocky Balboa, en même temps que son prolongement le plus évident, dès lors qu’on prend bien en compte que le type aux commandes c’est Stallone. Il y a quelque chose de troublant à le voir ici, non plus tenter de capitaliser sur la nostalgie et la fin d’une époque, mais plutôt d’essayer de voler la vedette aux action stars d’aujourd’hui. De prouver qu’il en a encore dans le bide, et rien à leur envier. Pas de “trop vieux pour ses conneries”, non sûrement pas. Juste un retour clinquant aux affaires comme s'il ne s’était vraiment rien passé entre Rambo 3 et celui là. Reste qu’à force de trivialité et de bourres pifs cadrés en frontal, il ne devrait plus rester grand chose de la belle unanimité Stallonienne après cet opus là. Sly aurait-il encore cassé son jouet ? Pas grave les camionneurs, les kids (et nous) vont adorer. Comme au bon vieux temps, finalement.

Par François Grelet

 

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