Choix n°1 : Ex_Machina d'Alex Garland, avec Domhnall Gleeson, Alicia Vikander, Oscar Isaac...Synopsis : À 24 ans, Caleb est un des plus brillants codeurs que compte BlueBook, plus important moteur de recherche Internet au monde. À ce titre, il remporte un séjour d’une semaine dans la résidence du grand patron à la montagne. Mais quand Caleb arrive dans la demeure isolée, il découvre qu’il va devoir participer à une expérience troublante : interagir avec le représentant d’une nouvelle intelligence artificielle apparaissant sous les traits d’une très jolie femme robot prénommée Ava.L'avis de Première : Il manque donc le "Deus" au titre de ce film, justement parce que, dans cette histoire, il n’est pas si aisé que cela de déterminer qui est le "Dieu issu de la machine", celui qui tire les ficelles et manipule le destin. On pense d’abord au Steve Jobs d’opérette incarné par Oscar Isaac, reclus dans une demeure qui hésite entre les créations architecturales de Frank Lloyd Wright, le bunker antiatomique et la base secrète de savant fou. Nathan aime la bière, les abdos et la compagnie de ses "bons potes", ces salariés qui gagnent le droit de lui rendre visite. Oui ça pourrait être lui ce nouveau Dieu, créateur de robots féminins sidérants de beauté qui s’éveillent à la conscience. Mais ce pourrait aussi être le robot lui-même, déesse technologique appelée à dépasser le maître parce que capable de se libérer de son joug. À moins que ce ne soit le petit employé du mois, qui ne paie pas de mine mais ne veut pas non plus se laisser éternellement sadiser par son patron pervers narcissique… Outre les femmes robots nues (une très belle idée de cinéma), la force d’"Ex_Machina" tient à ce simple constat : à l’heure des "transhumanistes" de la Silicon Valley, les génies fous rêvant de devenir Dieu ne relèvent plus tout à fait de la science-fiction, ce qui permet à Alex Garland de se réapproprier un thème vieux comme Isaac Asimov (la machine qui s’affranchit de l’homme) sans devoir se confronter au problème de l’originalité. Le reste est une question de qualité d’écriture, de subtilité de ton, d’ingéniosité sur le plan de la direction artistique (sensationnelle) et de capacité des acteurs à se montrer divertissants. Que la meilleure séquence de l’un des meilleurs films de SF contemporains soit celle où Oscar Isaac remue les fesses face caméra sur un énorme beat funk en dit long sur la singularité et la pertinence de ce projet hors normes.Bande-annonce :  Choix n°2 : Loin de la foule déchaînée de Thomas Vinterberg, avec Carey Mulligan, Matthias Schoenaerts...Synopsis : Angleterre, fin du XIXe siècle. Bathsheba Everdene dirige d’une main de maître la ferme léguée par son oncle. Elle entend bien s’assumer seule, déterminée à se marier par amour plutôt que par convention. Sa force, son indépendance et sa beauté séduisent le noble et honnête berger Gabriel Oak, le riche propriétaire terrien William Boldwood et le séduisant et effronté Sergent Troy. Elle se trouve bientôt tiraillée entre ses trois prétendants et aussi libre qu’indépendante, elle décide de n’écouter que ses sentiments.Adaptation du roman de Thomas HardyL'avis de Première : Entre le modeste berger (Matthias Schoenaerts), le sergent sexy (Tom Sturridge) et le célibataire fortuné (Michael Sheen), son cœur balance. Pour un peu, elle ferait "plouf-plouf" pour choisir, en toute légèreté. Car Bathsheba a beau vivre dans un XIXe siècle dominé par les hommes, elle n’en est pas moins indépendante. Vinterberg épouse son regard aussi ferme en affaire qu’hésitant en amour. Chacun des prétendants a donc droit à sa chance et à sa scène d’anthologie : un troupeau sacrifié aux aurores, une éducation sexuelle martiale, une pudique sérénade aux chandelles. Loin de la fougue décharnée du "Dogme 95", le Danois s’approprie le mélo de Thomas Hardy avec un classicisme flamboyant.Bande-annonce :  Choix n°3 : Manglehorn de David Gordon Green, avec Al Pacino, Holly Hunter...Synopsis : A.J. Manglehorn, un serrurier solitaire vivant dans une petite ville américaine, ne s’est jamais remis de la perte de l’amour de sa vie, Clara. Obsédé par son souvenir, il se sent plus proche de Fanny, sa chatte, que des gens qui l’entourent et a choisi de trouver du réconfort dans son travail et sa routine quotidienne. Malgré tout, il entretient des relations humaines fragiles en maintenant un contact intermittent avec son fils Jacob, sa petite-fille et surtout Gary, ancien toxico qu’il a pris sous son aile. Manglehorn a entrepris de construire une étrange amitié amoureuse avec Dawn, employée de banque au grand cœur. Mais saura-t-il trouver la bonne clé pour se libérer à jamais des secrets du passé ?L'avis de Première : "Manglehorn" est un film "à clé", qui décline justement cette métaphore de multiples façons. Il y a d’abord le métier de serrurier, auquel on pourrait appliquer ce qui se dit des cordonniers (proverbialement mal chaussés). Alors que "Manglehorn" passe sa vie à ouvrir les portes des autres, lui-même est fermé à double tour. Le film nous l’apprend progressivement, comme une mosaïque en train de s’esquisser. Ce personnage manifeste une insensibilité anormale, notamment lors de trois séquences de fâcherie avec un sympathique maquereau Harmony Korine), un fils parvenu (Chris Messina) et une banquière qui lui fait de l’œil (Holly Hunter). Sa vérité se révèle à la suite d’un épisode apparemment anodin : comme son chat, qui vient d’être opéré pour récupérer une clé qu’il a avalée, Manglehorn doit trouver en lui la façon d’ouvrir son cœur et de se délivrer d’un secret qui l’obsède. Ça a l’air tarte, mais c’est beau comme un conte de fée pour adultes. Gordon Green l’assaisonne avec un mélange d’ultranaturalisme presque documentaire traversé d’éclairs poético-surréalistes. Al Pacino s’est fondu comme un caméléon dans ce décor, même si on reconnaît son jeu, plus proche de la modestie de "L’Épouvantail" que de n’importe quel autre de ses rôlesBande-annonce :   Les autres sorties ciné de la semaine sont ici