Michael, vous connaissez cette anecdote sur votre père président du Jury à Cannes…Quoi, il est venu ici en tant que président ? Je n’étais même pas au courant. C’était quelle année ?1980. L’histoire dit qu’en fait, le festival voulait inviter Douglas Sirk, mais qu’un type du protocole s’était gouré et avait invité Kirk DouglasAh…. Non, je ne savais pas… Mais c’est qui ce Douglas Kirk ?Sirk, pas Kirk, le réalisateur de mélo…Ah ok … Non, je ne savais pas. Mais je le vois mal avoir la patience de faire ça. Regarder autant de films pour les juger, le connaissant, j’imagine que ça a dû l’ennuyer rapidement.Michael Douglas en Liberace, c’est une drôle d’idée…Pas pour Steven. C’est une histoire de dingue qui remonte au début des années 2000. On était sur le set de Traffic et un jour, Soderbergh débarque et me dit, « Michael, est-ce que tu pourrais jouer Liberace ? ». Ca m’a fait rigoler et j’ai accepté. Il avait du m’entendre l’imiter ou reprendre ses expressions, c’était un truc que je faisais à l’époque… Et puis….plus rien. Quand le livre est sorti en 2007,  Jerry Weintraub a acheté les droits et Steven est revenu à la charge. Il est venu me voir avec le bouquin qui, à l’époque, avait comme couverture Scott en costume de chauffeur se tenant aux côtés de Liberace et il m’a dit « Tu vois ça ? Et bien, c’est toi et Matt Damon ». Et puis il y a eu mon cancer qui a tout décalé… Etre à Cannes, en face de toi, c’est une sacrée récompense. La vraie récompense ce serait le prix d’interprétation, dont on parle beaucoup depuis ce matin…Ouais, les gens racontent beaucoup de choses. Pourquoi pas, ceci dit. J’en sais rien. Mais il se trouve que je suis déjà reparti de Cannes avec une Palme d’Or, pour Le Syndrome chinois. C’est génial. Mais l’important pour moi, c’est d’être dans un bon film... … dont personne n’a voulu !Ouais ! Et ça ça me plait. Le fait de monter les marches, c’est le plus beau beau doigt qu’on puisse leur faire. J’aime cette revanche ! Weintraub reçoit des coups de fils des studios qui lui disent : « désolé Jerry, on s’est trompé » à quoi il répond : « thank you, fuck you ! ». Ca fait un bien fou ! Vous les français vous êtes cinéphiles, vous aimez les films et votre système de financement permet de produire des trucs un peu différents. Aux US tout est verrouillé, formaté et les financiers ont la trouille. C’est un cauchemar. Vous avez l’air de savourer votre venue à Cannes et surtout le fait d’être le grain de sable dans la machine. Oh yeah ! D’un point de vue narcissique, ça permet aussi de confirmer la valeur de mes choix, de savoir que je ne me goure pas tout le temps. Les gens me disent que c’est courageux, couillu d’avoir fait un film pareil. En tant qu’acteur, ce qu’on demande c’est juste d’avoir de beaux rôles, des personnages denses et complexes. Qu’il soit gay ou straight, après je m’en moque.Et en même temps, dans les années 90, vous étiez plutôt un symbole hétéro…Tu penses à « Fatale Attraction », « Basic Instinct » et « Disclosure » ? Ma trilogie du sexe ? La dynamique est différente : si Liberace avait des dizaines de boyfriend, Scott était l’amour de sa vie. Les trois films auxquels tu penses mettent à chaque fois en scène une relation bizarre entre un homme et une femme… Mais, Matt m’a fait rigoler tout à l’heure : il m’a dit qu’il adorait faire partie, avec Demi Moore et Sharon Stone, des femmes qui sont passées dans mon lit à l’écran.Mais jamais vous n’avez envisagé le rôle en pensant à votre image d’alpha male ?Alpha-male ? Content d’apprendre que j’avais cette image-là ! Je n’ai jamais aimé être enfermé dans des cases. (A Matt Damon, qui quitte le lieu de l’interview) Salut chéri, on se retrouve sur le tapis rouge ! Je vais en profiter : on parle des scènes de sexe et des baisers avec la langue ?Tu sais, on avait lu le scénario. Tous les deux. On savait ce qui nous attendait. Ca c’est passé très bien. Easy… Il y avait beaucoup de scènes dans les jacuzzis, les baignoires. Pas de problème. Je l’avais lu. Je me souviens d’une scène en particulier, où on est au lit avec Matt et j’essaie de lui donner les poppers. On a fait une première prise et Steven a posé sa caméra avant de dire : « parfait. On enchaîne ». Tu vois : pas de problème. Vous aviez rencontré Liberace ?Oui. Mon père m’a emmené le voir en concert. Je me souviens des bijoux qui brillaient, des lumières qui te donnaient l’impression de regarder le soleil. Ses cheveux étaient parfaits. Ce mec était Larger than life. Et l’incarner m’a procuré un plaisir fou !Bon, je suis obligé de vous poser la question qui agite la France ces temps-ci. Pour ou contre le mariage pour les homosexuels ? Pour ! Aux US c'est déjà le cas dans 11 états et c'est une affaire de droit, pas de religion.Interview Gaël Golhen Review - Ma vie avec Liberace, le bouquet final de Steven SoderberghLe Festival de Cannes célèbre le mariage pour tous