Old, le nouveau Shyamalan
Universal

Une journée à la plage = une vie entière. Avec Old, M. Night Shyamalan explore le vieillissement en accéléré en huis clos. Gael García Bernal nous donne quelques pistes sur ce nébuleux film-concept, adaptation libre de la BD Château de sable.

Le synopsis et la bande-annonce de Old restent très vagues. Comment définiriez-vous le film ? C’est un thriller ? Un survival ? Un drame fantastique ?
Je dirais un thriller métaphysique. Mais c’est juste mon petit avis ! La référence que Night avait tout le temps à la bouche était L’Ange exterminateur de Buñuel : des gens sont coincés à un endroit, ne peuvent pas en sortir et ne savent pas pourquoi. Un postulat de départ surréaliste, mais qu’il faut intégrer tout de suite. En l’occurrence, les personnages de Old sont en vacances et découvrent une plage sublime. Un endroit où on aimerait se réfugier pour échapper au monde. Mais si on ne pouvait plus jamais en partir ? C’est presque une tragédie grecque !

Il y a cette notion du temps qui s’écoule à une vitesse impensable, faisant vieillir à vue d’œil les personnages et les rapprochant inexorablement de la mort…
Oui, ce qui rajoute évidemment de l’urgence et une bonne couche d’angoisse existentielle. C’est du suspense en accéléré. Mais je n’en dirai pas plus là-dessus. (Rires.) Je pensais que les prothèses pour nous vieillir allaient être une galère quotidienne, et qu’avec la chaleur et le sable, il allait falloir retourner au maquillage toutes les deux heures. En fait c’était comme une deuxième peau qui ne bougeait pas de la journée. Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais ça m’a même aidé à mieux jouer !

Qu’est-ce qui portera la marque de Shyamalan dans Old ?
Hum… Sûrement cette façon de jouer en permanence avec ce qui est hors champ. Night est dans l’économie de plans et avec très peu de choses, il déploie une mise en scène qui dit tout. On a la sensation que l’inattendu peut surgir à chaque instant. Ça, c’est purement « shyamalien » ! La vraie différence avec ses autres longs métrages, c’est que le dispositif est théâtral, dépouillé : unité de lieu, très peu de décors… C’est un vrai challenge de faire marcher ce type de film dans ces conditions. D’autant qu’il a tourné en 35 mm, très risqué dans un environnement aussi lumineux. D’autres réalisateurs auraient pris ça pour une contrainte, lui en fait un vrai plus pour le film.

Glass semblait conclure un chapitre de sa carrière et…
(Il nous coupe.) Oui, Old en ouvre un autre. C’est toujours intéressant de voir un grand réalisateur passer un cap en termes de maturité. J’ai revu toute sa filmo quand j’ai accepté le rôle, et c’est impressionnant quand tu regardes tout à la suite: on sent bien qu’une réinvention est en marche. C’est un réalisateur qui a développé un langage de cinéma qui lui est propre, mais qui ne s’en contente jamais parce qu’il aime expérimenter. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, mais je suis déjà curieux de voir son prochain film. Et avec un peu de chance, il me trouvera même un rôle !

Old, le 21 juillet au cinéma.