George Segal
Steven Bergman / AFF/ABACAPRESS

Nommé à l’Oscar pour Qui a peur de Virginia Woolf ?, le comédien avait 87 ans.

Son nom résonne moins fort en France qu’aux Etats-Unis, où George Segal fut, dans les années 70, l’incarnation d’une nouvelle masculinité, et la star de comédies de mœurs acclamées – comme La Chouette et le Pussycat (où il donnait la réplique à Barbra Streisand) ou Une maîtresse dans les bras, une femme sur le dos (alias A Touch of Class). Séducteur, attachant, souvent casté dans des rôles de types roublards et beaux parleurs, George Segal jouait ces dernières années le grand-père Albert « Pops » Solomon dans la sitcom d’ABC Les Goldberg.

Il est mort à 87 ans, le 23 mars, en Californie, des « complications d’une opération de pontage cardiaque », a annoncé sa femme Sonia dans un communiqué à Deadline. « Mon film préféré de George Segal est Les Quatre Malfrats, a tweeté Ben Stiller, qui l’avait dirigé dans Disjoncté et lui avait donné la réplique dans Flirter avec les embrouilles, de David O. Russell. Quelle carrière. Quel homme charmant, quelle star des 70's, cool, iconique et drôle. »

Né à Great Neck, dans l’Etat de New York, en 1934, George Segal se fait remarquer dans les années 60, en jouant notamment dans La Nef des Fous de Stanley Kramer (nommé à l’Oscar du meilleur film), l’excellent Un Caïd (King Rat en VO) de Bryan Forbes, puis en arbitre du match Elizabeth Taylor / Richard Burton dans Qui a peur de Virginia Woolf ?, de Mike Nichols, qui lui vaut une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle en 1967. Sa carrière est lancée et va atteindre son acmé tout au long des années 70, dans des films qui épousent le mélange de décontraction et de désabusement caractéristique de l’époque, avec une prédilection pour les comédies romantiques et les films de casse rigolos. Il joue dans Né pour vaincre, le premier film américain du Tchèque Ivan Passer, Loving, l’une des grandes réussites d’Irvin Kershner (dix ans avant L’Empire contre-attaque), Les Choses de l’amour de Paul Mazursky, Les Quatre Malfrats de Peter Yates, « caper » jouissif avec Robert Redford, d’après Donald Westlake, ou encore Touche pas à mon gazon (Fun with Dick and Jane), de Ted Kotcheff, aux côtés de Jane Fonda, qui sera remaké près de trois décennies plus tard avec Jim Carrey (Braqueurs Amateurs).

L’un des titres les plus remarquables et attachants de sa filmo est sans doute California Split (également connu sous le titre Les Flambeurs), buddy movie avec Elliott Gould sur deux accros au jeu, dirigé en 1974 par un Robert Altman alors au sommet de sa nonchalance jointée. Segal et Gould sont deux bons exemples de stars seventies qui auront du mal à négocier le virage de la décennie suivante. En 1979, Segal fait faux bond au Elle de Blake Edwards à la dernière minute et Dudley Moore le remplace au pied levé. S’ensuivra un procès, perdu par Segal, et un hit au box-office pour Blake Edwards. Le signe que les 80’s commençaient mal pour l’acteur.

Il rebondira principalement à la télé, notamment dans la série de NBC Just shoot me !, puis dans huit saisons des Goldberg. Après l'annonce de son décès, ses fans rappelaient qu’il fut aussi un amateur de banjo, dont il jouait souvent dans le Tonight Show de Johnny Carson. Il avait enregistré un album de ragtime en 1967, intitulé The Yama Yama Man. James Gunn, réalisateur des Gardiens de la Galaxie, a lui salué sur Twitter la mémoire d’une « star de cinéma qui captait notre attention tout en ayant l’air d’être l’un d’entre nous », avant d’évoquer sa passion d’enfance pour Touche pas à mon gazon : « A dix ans, sans que je puisse l’expliquer, ça m'avait l'air d'être le plus grand film de tous les temps. »