Robert Altman : "Dans Gosford Park, il y a un côté Agatha Christie"
Mars Distribution

En 2002, le cinéaste nous racontait comment il avait détourné les codes du polar avec ce film, rediffusé ce soir sur Arte.

Place au mystère ce soir sur Arte avec la rediffusion de Gosford Park, le Cluedo en huis clos réalisé par Robert Altman. Brillant "whodunit" enfermé entre les quatre murs d'une somptueuse demeure de campagne, le film orchestre, en arrière-plan de la résolution de l'affaire du meurtre, un ballet d'intrigues et de révélations brillant entre tous les invités de Gosford Park.
Porté par un casting incroyablement prestigieux mêlant la fine fleur du cinéma et du théâtre britannique et quelques têtes venues d'outre-Atlantique.

Le synopsis de Gosford Park : Angleterre 1932. La Comtesse Constance de Trentham (Maggie Smith), se rend avec sa nièce et sa femme de chambre Mary (Kelly MacDonald), à une partie de chasse dans le manoir de Sir William McCordle (Michael Gambon). Les autres convives, famille et amis, également accompagnés de leurs valets ou femmes de chambre, sont logés au premier tandis que les serviteurs sont à l'étage du dessous dirigés par le majordome Jennings (Alan Bates), la gouvernante Mrs Wilson (Helen Mirren) et la cuisinière Mrs Croft. Mary partage la chambre d'Elsie qui lui apprend à se repérer dans l'immense demeure. Elsie lui explique aussi les affrontements qui opposent Mrs Croft et Mrs Wilson ou ceux des invités de Sir McCordle. Mary vit intensément son séjour, harcelée par le valet Henry et curieuse de celui qui se fait appeler Parks. Au milieu de tout cela, Sir William est assassiné. 

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En mars 2002, Première avait un coup de coeur pour Gosford Park, considéré comme "un des sommets de la carrière de Robert Altman" par Olivier de Bruyn dans sa critique. Extrait : "En prenant prétexte d’une fausse intrigue policière à la Agatha Christie, Altman filme comme à ses plus belles heures un théâtre des ridicules où tous les personnages ont de bonnes raisons de maudire leur sort. (...)  Avec ses acteurs, pour la plupart anglais et tous excellents, il dévoile patiemment les secrets de famille délétères et, grâce à un sens  de la composition proprement confondant, alterne les incises drolatiques et les révélations franchement bouleversantes."

Le réalisateur, célèbre entre autres pour M.A.S.H. et Nashville, décédé en 2006, confiait d'ailleurs dans notre numéro 301 avoir pris un malin plaisir à jouer avec les codes du film policier pour mieux s'amuser avec les attentes du public : "Je n’avais jamais abordé le genre du polar à l’anglaise. Dans Gosford Park, il y a un côté Agatha Christie façon Dix Petits Nègres. J’ai choisi d’utiliser une trame qui se rapproche de cet univers mais en la détournant. Le film est construit comme un jeu de cartes. Une de ses cartes serait Agatha Christie, une autre La Règle du jeu, de Jean Renoir, une troisième Jacques Tati avec le personnage burlesque de l’inspecteur. (...) Quand le film commence, le spectateur est en terrain connu. La pluie, les domestiques qui attendent sur le perron, la musique... L’univers ressemble à celui des films de James Ivory. Et puis, peu à peu, j’essaie d’entraîner le public dans des directions beaucoup moins confortables. Je me suis efforcé d’être aussi précis que possible concernant la représentation des mœurs britanniques des années 30. Mais le véritable enjeu du film consiste à détruire les images conventionnelles."