Scream 1996
Dimensions films

Scream revient au cinéma avec un cinquième volet, l’occasion de faire le bilan d’une franchise qui a marqué son époque.

Ne l’appelez pas Scream 5, ni même Sc5eam, mais Scream tout court. La suite/reboot de la franchise d’horreur arrive plus de dix ans après Scream 4, et six ans après la disparition de son réalisateur, Wes Craven. Campbell/ Arquette/Cox sont de retour avec de nouveaux réalisateurs, de nouveaux scénaristes et un nouveau casting. Scream, plus vivant que jamais? L’équipe nous raconte son passé, son présent et son futur. 

Avec (par ordre d’apparition) 

Kevin Williamson (Scénariste de Scream, Scream 2, Scream 4 et producteur du nouveau Scream)

Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (Réalisateurs de Wedding Nightmare et du nouveau Scream)

James Vanderbilt et Guy Busick (Scénaristes du nouveau Scream) 

Melissa Barrerra (Sam Carpenter) 

David Arquette (Dewey Riley) 

Courteney Cox (Gale Weathers)

Neve Campbell (Sydney Prescott) 

 

SCREAM (1996)

Scream 1996
Dimension Films

_KEVIN : Quand je repense au tout début, un nom me revient à l’esprit. Agatha Christie. C’est elle qui fut ma plus grosse inspiration pour la structure de Scream. Un bon mystère, un bon whodunnit, c’est toujours génial. Si vous racontez une bonne histoire, le public sera là. 

_NEVE : Moi, c’est Wes. À l’époque, je n’étais pas une grande fan d’horreur – disons plutôt que je n’y connais- sais pas grand-chose. Quand on m’a expliqué à quel point Wes Craven avait eu une influence énorme sur le genre, à quel point ses films étaient géniaux, ça m’a excitée, mais j’étais nerveuse à l’idée de le rencontrer. Il m’a tout de suite mise à l’aise : il était aimable, poli, gentil et... il avait des idées complètement tordues. (Rires.) Il a été merveilleux. C’était mon premier grand rôle, vous savez? J’avais fait Dangereuse Alliance, mais je n’avais jamais été en tête d’affiche. 

_COURTENEY : De mon côté, le début reste très formel. C’est passé par mon agent. C’est lui qui m’a « vendue » : il pensait que c’était une bonne idée que j’incarne un vrai personnage de garce alors que j’étais surtout connue pour Monica de Friends. J’ai dû convaincre Wes et tous ceux qui pensaient que j’étais simplement la girl-next-door. 

_DAVID : Au départ, on m’avait proposé de jouer Billy Loomis [le tueur], mais j’étais trop vieux. Puis, il a été rapidement question de Dewey, qui était à l’origine écrit comme un gros crétin hyper musclé. Je me suis dit que je pouvais apporter quelque chose de différent, de plus humain au personnage. C’est comme ça qu’est née l’idée d’en faire un flic qui n’arrive pas à se faire respecter. 

_KEVIN : Vous vous imaginez tous ces jeunes autour de Wes? C’était un homme extrêmement gentil, courtois, mais il avait de fait le rôle du mentor. En tout cas, pour moi, il reste le maître. Le premier réalisateur avec qui j’ai travaillé – celui qui m’a tout appris. Il m’a laissé faire partie du processus et suivre le tournage, ce qui n’était pas si fréquent pour un scénariste. Il m’a expliqué que le script devait fatalement prendre vie, devenir visuel, et qu’il fallait construire un monde de cinéma. Le premier jour de tournage, on a commencé par la scène de Drew Barrymore. Il pleuvait, il faisait très froid. Wes m’expliquait tout, la caméra, les échelles de plan... J’étais surexcité, j’ai appelé ma mère à 3 heures du matin pour lui raconter! La première semaine fut vraiment magique. 

_NEVE : Mon souvenir le plus vivace reste le tournage de la séquence finale qui nous a pris des semaines ! On tournait la nuit – chaque nuit. Je rentrais à l’hôtel au petit matin et je croisais les gens qui partaient travailler... 

_KEVIN : Sur le papier, c’était une page de script, mais il y a eu une semaine et demi de boulot... La folie ! 

_NEVE : Et puis, ce fut le succès. Massif. C’était quand même un pari à la base. Le film a marché le premier week-end, et a vraiment cartonné la deuxième semaine. Je repense à mon agent qui me sortait des chiffres phénoménaux. Je n’y connaissais rien et je lui ai répondu : « Ah ! Et c’est bien ? » (Rires.) Ce qu’on a tout de suite compris, c’était que le film était vraiment générationnel. 

_MATT : Je confirme. Quand j’ai vu Scream au cinéma, j’avais le même âge que les personnages. Ça m’a pris aux tripes, j’ai senti que ça allait me hanter toute ma vie. Pour nous, ce fut un modèle, le patron de notre travail, à moi et Tyler. Il a vraiment changé les règles du jeu. 

_TYLER : Je l’ai vu avec des copains pendant une fête. Autant dire qu’on était dedans. Le film est entré dans ma tête et dans ma peau comme aucun autre... 

_MELISSA : J’ai découvert le film jeune, bien trop jeune. J’ai fait des insomnies pendant des semaines... mais je suis devenue obsédée par les scary movies. Quand j’invitais mes copines à dormir, je les forçais à en regarder. 

_NEVE : Scream s’est fait juste après Dangereuse Alliance, et Sex Crimes à peu près en même temps que Scream 2. On peut affirmer sans se tromper que c’est ce film qui a propulsé ma carrière. Enchaîner Dangereuse Alliance et Scream a changé la trajectoire de ma vie. 

_DAVID : La fin du film fut bizarre pour moi. Dewey devait mourir et Wes s’est contenté de me coller dans l’ambulance en disant : « On verra si tu survis ou pas ! » C’était une manière de ne pas se mouiller... 

 

SCREAM 2 (1998)

Scream 2
Dimension Films

_KEVIN : Le studio était content du premier script. Au point qu’ils m’ont demandé d’écrire la suite alors qu’on venait à peine de commencer le tournage. Ils savaient que j’avais une idée en tête. Ils espéraient que ce serait un gros succès. Évidemment, deux semaines après la sortie, j’ai vu les chiffres et su qu’il y aurait une suite. 

_NEVE : J’ai accepté de faire le second immédiatement, mais c’était une période étrange pour moi. J’avais peur d’être réduite à un seul type de rôle. Très vite, je n’ai plus reçu que des offres pour des films d’horreur. Mais je ne regrette pas les Scream : les films étaient bons à chaque fois, grâce à Wes. Vingt-cinq ans plus tard, les gens les aiment encore. Et je travaille toujours. (Rires.) 

_KEVIN : On a tout de suite vu que ce n’était pas seulement une suite, mais qu’on avait une vraie franchise entre les mains. Tout le monde à Hollywood a essayé de mettre la main sur le script de Scream 2. On l’a fait circuler sans les quinze dernières pages. Les acteurs devaient passer l’audition sans savoir qui était le tueur. Mais on a su que le scénario avait fuité. On a alors écrit trois versions différentes de la fin, pour créer des leurres, qu’on a fait circuler. Personne ne pouvait savoir quelle était la bonne. 

_COURTENEY : L’un des trucs les plus intéressants du 2, c’est Stab, le film d’horreur dans le film d’horreur. Ça en rajoute dans le côté méta. C’est Parker Posey qui joue mon rôle dans Stab et elle a vraiment tapé dans le mille – elle a trouvé le côté maniéré de Gale. Mon côté maniéré? J’ai presque trouvé ça difficile à regarder. (Rires.) 

_NEVE : C’est Tori Spelling qui joue mon rôle! J’ai trouvé l’idée géniale. Elle avait tourné Trick, un film avec mon frère Christian, je la connaissais, j’avais même dîné avec elle. Stab était un concept amusant. Une pure idée de scénaristes. 

_KEVIN : Pendant Scream 2, tout s’est accéléré pour moi. On a tourné le pilote de Dawson puis j’ai enchaîné avec The Faculty. Ensuite, j’ai réalisé Mrs Tingle pendant qu’ils faisaient Scream 3 et j’ai commencé à travailler sur le script de Halloween, 20 ans après. Bref, j’ai été très occupé. On parlait déjà de The Faculty pendant le tournage du premier Scream. J’ai rencontré Robert Rodriguez juste après. Il n’était pas sûr de vouloir réaliser un film d’invasion alien. Alors Bob Weinstein nous a emmenés manger. Il y avait lui, moi et Tarantino chez Roscoe, un resto de gaufres et de poulet frit. Robert a fini par dire oui. Tout ça fait que je me suis éloigné un moment de la franchise... 

 

SCREAM 3 (2000)

Scream 3
Dimension Films

_KEVIN : C’est donc Ehren Kruger qui a écrit Scream 3. Comme je ne pouvais pas le faire, ils ne m’ont pas attendu. J’avais quand même écrit un synopsis qu’Ehren a utilisé, mais le résultat final était très différent. 

_COURTENEY : Wes était un réalisateur très sérieux mais qui pouvait se révéler incroyablement dissipé. Il se marrait souvent avec nous. C’est ce qui m’a marquée sur le 3. 

_DAVID : C’est vrai, si j’ai un excellent souvenir du 3, c’est grâce à l’humour que Wes a réussi à injecter. 

_COURTENEY : Pour être honnête avec vous, j’étais là parce que j’adorais faire partie de la franchise. Mais aucune des suites ne fut véritablement aussi bonne que l’original. Normal, non? D’ailleurs, on se demandait à chaque fois comment continuer. Il y avait quand même la particularité que les tueurs sont à chaque fois différents, c’est la clé de Scream. Est-ce qu’il y a des exemples de franchises aussi drôles et pertinentes ? 

_KEVIN : Effectivement : nous n’avons pas de Michael Myers ou de Jason Voorhees. Il y a un nouveau tueur à chaque épisode. Avec cette astuce, Scream pouvait toujours rester d’actualité. 

 

SCREAM 4 (2011) 

Scream 4
Dimension Films

_KEVIN : Quand ils m’ont demandé de faire un Scream 4, j’ai eu une idée pour faire un film pertinent, contemporain. Mais je voyais une nouvelle trilogie. Je l’ai pitchée aux frères Weinstein, et à Wes, ils ont tous dit « go »

_DAVID : Dans Scream 4, Wes a inclus les réseaux sociaux et le streaming en live alors que les gens ne le faisaient pas encore à l’époque. Même si c’était mala- droit, ça montrait qu’il avait des idées, qu’il était lucide. 

_KEVIN : On a seulement fait Scream 4. Les deux autres Scream reposent dans mon ordinateur, sous forme de synopsis. Il y a un demi-Scream 5 écrit quelque part. Mais les années ont passé... 

 

SCREAM (2022) 

Le réalisateur de Scream promet que la bande-annonce ne spoile rien
Paramount

_KEVIN : Personne ne m’a plus jamais parlé d’une suite. La mort de Wes a tout arrêté. Il y a eu tout un truc autour des droits de Scream et de Dimension Films, la boîte des frères Weinstein, mais j’ai suivi ça de très loin. 

_NEVE : Franchement, on avait tous des doutes sur le retour de Scream sans Wes. Ces films lui appartenaient. Et puis Matt et Tyler m’ont écrit une lettre qui expliquait qu’ils étaient devenus réalisateurs grâce à Wes Craven et aux Scream. Ils me disaient qu’ils avaient du mal à croire qu’ils devaient tourner le nouveau et assumer son héritage. Ils étaient très humbles. Ça m’a donné confiance. Quand j’ai regardé Wedding Nightmare, j’ai été très impressionnée. 

_JAMES : Quand le producteur Gary Barber m’a dit qu’il avait les droits de la franchise, je suis tombé de ma chaise : c’était l’un de mes films préférés ! Et quand il m’a proposé de l’écrire: waouh! J’ai appelé Guy, un vieux pote, qui a coécrit et produit Wedding Nightmare

_GUY : C’est le genre de coup de fil que tu attends toute ta carrière. La franchise compte tellement pour moi, c’était le job de mes rêves. 

_JAMES : On a revu tous les films. On a fait une liste de choses importantes, indispensables à mettre dans un film Scream. C’était notre point de départ. 

_GUY : C’est quoi, un film Scream? Un slasher méta whodunnit avec de vrais personnages. Voilà. À partir de là, tout s’est mis en place, on avait des bases solides. 

_JAMES : Les Scream ont toujours été un commentaire de l’horreur de l’année où ils ont été faits. En 1996, Scream était un commentaire méta, on ne peut pas faire la même chose en 2022. Aujourd’hui, l’horreur est plus mainstream que jamais. On en a conscience. On a donc écrit le script et on est allés voir Kevin. 

_KEVIN : Spyglass Entertainment et James Vanderbilt m’ont effectivement proposé de faire partie du nouveau projet. Mais il n’y a aucun lien entre le nouveau Scream et ma « nouvelle trilogie ». Je crois que James et Guy ont fait un bien meilleur boulot que moi. 

_MELISSA : Matt et Tyler nous ont fait une liste de films à regarder. Il y avait Une virée en enfer avec Paul Walker, The Wicker Man qu’on a tous vu dans une petite salle de réunion... C’était vraiment la colo films d’horreur. 

_JAMES : Évidemment, on a fait des faux scénarios. Ça va paraître geek, mais ça nous excitait même! Écrire des fins alternatives fait partie de la tradition Scream. C’était un honneur. Personne ne savait qui jouait le tueur. L’acteur lui-même ne pouvait pas le savoir avant que le tournage ne soit très avancé... 

_MELISSA : Chacun d’entre nous avait un script différent! Ça donnait une petite ambiance mystérieuse sur le plateau : qui est Ghostface ? Sur le tournage, c’était drôle. On a tourné différentes versions de certaines scènes et pour les scènes-clés, on faisait sortir toutes les personnes qui n’avaient pas besoin d’être là. 

_GUY : On ne s’est jamais autant éclatés à écrire quelque chose en sachant que ce ne serait jamais tourné. 

_MATT : Je n’ai qu’un regret, celui de ne pas avoir pu rencontrer Wes Craven. 

_TYLER : On a essayé d’être fidèles à ce qu’il avait construit. On sentait qu’on avait quand même l’occasion de faire quelque chose de neuf avec l’ADN de la série : un tueur différent sous le masque à chaque film. 

_MATT : Le premier Scream a amené au cinéma d’horreur tout un public qui n’y était pas habitué. Si le nôtre peut avoir le même effet, ce serait incroyable. 

_COURTENEY : Le nouveau Scream a tout l’esprit et la pertinence de la série – c’est très méta. Scream 5 n’essaie pas de refaire le premier film. C’est tout ce que je souhaitais, c’est tout ce que ça devrait être. 

_NEVE : Les nouveaux acteurs me rappellent nous, lors du premier film. On était si jeunes... Ils ont la même énergie, la même implication. Ils improvisent, ils se sont 

imprégnés de leurs personnages. C’est même surprenant. En plus, ces gamins sont de vrais fans de la série. On a été soulagés de l’apprendre. (Rires.) 

_DAVID : La jeune génération me redonne foi en l’avenir. Ils sont curieux, respectueux, ils se traitent bien les uns les autres. 

_COURTENEY : Avant, j’avais une relation d’amour/ haine avec Gale. J’aurais aimé qu’elle soit parfois plus impliquée dans les intrigues, ou que son caractère compétitif soit plus mis en avant... Là elle a trouvé un job où elle s’épanouit. J’étais contente de l’avoir retrouvée. Elle est toujours aussi fun à jouer ! 

_NEVE : J’ai écrit des notes sur le script, pour être sûre que le film respectait le personnage de Sydney. Tout le monde était très ouvert et humble. Je disais même par- fois « Je crois que Wes aurait fait comme ça », et ça leur a beaucoup plu. Il y a d’ailleurs une scène en forme d’hommage à Wes – on a vraiment senti son absence, mais aussi, paradoxalement, sa présence. Il était là.