Affiches Films à l'affiche mercredi 13 décembre 2023
Warner/ Pathé/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
WONKA ★★★★☆

De Paul King

L’essentiel

Le tour de force de Paul King est d’avoir fait un musical avant toute chose, et c’est bien mieux qu’un prequel mercantile sur la jeunesse du chocolatier.

Les allergiques seront prévenus, Wonka est une comédie musicale, une vraie, une dure, pleine de magie et de guimauves. Le propos de Wonka est plus de faire un grand musical comme Les Misérables et Sweeney Todd que de faire des courbettes à la mythologie de Roald Dahl. Elle reste bien sûr imposante, mais pas écrasante : ce qui intéresse Paul King, outre de faire un film qui fasse un grand écart entre le West End/Broadway, entre la fantaisie chocolatée et la symphonie romantique, est de plier le film à son image et d’en faire un film de casse qui fait l’éloge de la gentillesse et de l’entraide -comme les deux Paddington, bien sûr.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LES TROIS MOUSQUETAIRES- MILADY ★★★★☆

De Martin Bourboulon

Efficace et sérieux, D’Artagnan avait rempli toutes les promesses annoncées. Il manquait peut-être un peu de folie, d’humour ou d’inconscience. Ca tombe bien : pour ce deuxième épisode, l’équipe a su retenir les réussites du premier, tout en lâchant un peu plus les chevaux. Premier constat : la Milady du titre est fantastique. Entre volupté sexy, violence aveugle et duplicité très calculée, Eva Green apporte ce qu’il faut d’ambiguïté au personnage comme au film. Mais elle n’est que l’un des atouts de ce film qui en compte bien d’autres. Son esthétisme plus lumineux d’abord, plus riche et flamboyant que D’Artagnan. Sa rapidité d’exécution ensuite. La scène de La Rochelle, quinze minutes de grand spectacle qui filent à la vitesse de la lumière. Et la multiplication des points de vue et des péripéties qui offre un rôle à leur mesure à Duris et Marmaï. Le mot fin s’inscrit sur l’écran, on en redemande. A suivre donc ?

Gaël Golhen

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PREMIÈRE A AIME

PAST LIVES- NOS VIES D’AVANT ★★★☆☆

De Celine Song

Miroir d’un moment intime de sa vie, le récit de ce premier long métrage gravite autour de la relation inachevée de Nora et Hae Sung. Stoppée à 12 ans par le rêve américain lorsque la fillette émigre de Corée du Sud, leur idylle reprend 8 ans plus tard, mais c’est à 30 ans qu’ils finissent par se retrouver, alors que Nora est mariée à Arthur. Past Lives n'a pas la prétention de nous expliquer à quoi doit ressembler l'amour, mais entame une réflexion plus profonde : doit-il nécessairement être vécu pour avoir de la valeur ? Dépouillé de tout artifice, ce drame sublimé d’une mise en scène intimiste fascine par son utilisation du vide, celui des mots qui n’ont pas été prononcés, des sentiments qui n’ont pas été éprouvés. Et à l’arrivée, chacun y projettera sa propre histoire. Celle des destins qui se frôlent mais ne se croisent jamais.

Lucie Chiquer

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THE SURVIVAL OF KINDNESS ★★★☆☆

De Rolf de Heer

Tout commence par une femme prisonnière dans une cage au milieu du vaste désert australien. L’immensité du dehors renforce l’absurdité et la violence du calvaire vécu dans cette prison dont la jeune femme à la peau noire, scrute chaque recoin pour tenter de s’y extraire. Enfin libérée, celle qui pourrait bien être la dernière humaine sur terre entreprend un long voyage et va faire l’expérience d’un univers où chaque espace traversé s’appréhende comme l’étape supplémentaire d’une épopée dantesque au pays des fous. Tout est ici vécu à travers le regard d’une protagoniste dont la douceur offre un contraste saisissant avec la bestialité qui l’environne. Si avec ce survival abstrait et majoritairement muet, de Heer manie volontiers l’hyperbole, ce n’est pas tant le message qu’il cherche à délivrer qui passionne mais la force avec laquelle, par la simplicité sa mise en scène, son film questionne notre compréhension du monde.

Thomas Baurez

RUE DES DAMES ★★★☆☆

De Hamé Bourokba et Ekoué Labitey

Six ans après Les Derniers Parisiens, Hamé et Ekoué repassent par la case cinéma avec un deuxième long situé à quelques pas de Pigalle, théâtre de leur premier. Un film choral construit autour d’un personnage central (Garance Marillier, impériale), une manucure qui, enceinte, doit trouver d’urgence de l’argent pour louer un nouvel appartement et monte une combine où elle présente, en mode rabatteuse, des clientes à des célébrités lors de soirées privées. Rue des dames est un film sous tension qu’on vit à travers cette course contre la montre de son héroïne flirtant avec la loi et les embrouilles. La vérité dans l’écriture de la dizaine de personnages qui le composent donne du relief à une fiction dominée par une totale absence de manichéisme. Ce qui passionne Hamé et Ekoué, c’est la zone grise, celle qui révèle la vraie nature des êtres qui s’y débattent en faisant comme ils peuvent pour ne pas s’y perdre.

Thierry Cheze

SERGENT MAJOR EISMAYER ★★★☆☆

De David Wagner

« Les PD n'ont rien à faire dans l'armée. C'est comme mettre des pédophiles dans un jardin d'enfants.” Cette phrase prononcée par un gradé de l’armée autrichienne dans ce premier long métrage est d’autant plus glaçante qu’il est inspiré d’une histoire vraie. Celle du coming out de d’un instructeur plus redouté qu’on pourrait croire échapper de Full metal jacket. Derrière la caméra, David Warner a le mérite de ne jamais précisément se contenter de suivre scolairement ce récit programmatique aussi édifiant soit- il. Tant dans la relation de ce gradé avec sa femme que dans son trouble grandissant pour une jeune recrue, affichant lui ouvertement son homosexualité. Et plus largement par sa capacité d’aller au- delà des archétypes qui pourraient facilement étouffer son récit. Grand Prix de la Semaine de la Critique de la Mostra 2022, Sergent Major Eismayer révèle un talent à suivre. 

Thierry Cheze

SEA SPARKLE ★★★☆☆

De Damien Huyghe

Explorant le déni et la colère du deuil, Sea Sparkle s’ouvre sur le décès d’un pécheur belge laissant orpheline Lena, persuadée que le responsable est un monstre marin. Même si le drame pèse sur ceux qui restent, c’est par l’enquête et le regard de l’enfant que l’on navigue. Véritable teen movie, le film déborde de son thème dramatique pour saisir le quotidien d’une jeune fille de douze ans, entre les concerts de rap de son grand frère et les après-midis au skatepark avec ses potes. Décidée à prouver l’existence de la créature qui a emporté son père, elle déambule sous les néons de la petite ville côtière. Grace à son actrice principale (la débutante Saar Rogiers) remarquablement attachante, Domien Huyghe capture les balbutiements d’une adolescence dans un premier long métrage émouvant et touchant.

Bastien Assié

LEGUA ★★★☆☆

De Filipa Reis et Joao Miller Guerra

Au cœur de la campagne portugaise verdoyante, Ana aide une femme âgée et malade à s’occuper de la maison secondaire d’une famille riche en leur absence. Tandis que son mari et sa fille fuient la cambrousse pour la ville, son sens des responsabilités l’attache à l’endroit. Au fil des saisons qui passent à l’écran, les taches ordinaires se transforment en rituels, magnifiant les répétitions quotidiennes consacrées à une demeure vide et à une vieille dame mourante. Le rythme calme du film alimente la sensation d’isolement et surprend à faire de l’ennui une qualité agréable. Etrangère à la maison hantée dont elle devient le fantôme, Ana cherche dans l’oubli et la solitude un équilibre. Légua nous fait pénétrer dans la lente tranquillité d’une femme recluse mais parfaitement à sa place, avec une justesse jamais prise en défaut.

Bastien Assié

BLACKBIRD BLACKBERRY ★★★☆☆

De Elene Naveriani

Ethéro découvre l’amour avec Mourmane. Finie la plate vie rythmée par les commérages du village et les clientes de la droguerie, voilà qu’à 48 ans, cette dernière retombe comme en adolescence ! Elle fait sa première fois avec lui, ils se donnent des rendez-vous, se draguent dans de longs trajets en voiture pour fuir les regards, écoutent Aznavour à la radio… L’intérêt principal du film réside dans la mise en scène de cet apprentissage, du soulagement que procure la sexualité à cette femme, les corps nus habitant le bord des cadres, drapés par la douceur des éclairages. Dommage que tout ce qui passe autour – à commencer par les échanges avec la famille forcément tyrannique – se perde dans des clichés et des facilités scénaristiques qui ont tendance à assécher ce qui constituait pourtant un beau couple de cinéma.

Nicolas Moreno

LE BALAI LIBERE ★★★☆☆

De Coline Grando

Peut-on travailler sans patron ? Voilà la question que pose ce documentaire à travers une histoire singulière. Dans les années 70, les ouvrières d’une entreprise de nettoyage employée par l’Université Catholique du Louvain (UCL) ont réussi à virer leur patron et à s’autogérer pendant 14 ans en créant leur propre structure : le Balai Libéré. Plus d’une décennie à travailler dans la solidarité et en défendant les intérêts des salariés paraît utopique de nos jours. La réalisatrice Coline Grando provoque la rencontre entre les ex-militantes et travailleuses du Balai Libéré désormais disparu et les actuels nettoyeurs travaillant à l’UCL. Le film est d’une remarquable pédagogie. La mise en scène et l’objectif recherché par la cinéaste s’installent comme une évidence, rendant la portée du discours d’une limpidité presque innocente.

Elias Zabalia

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PREMIÈRE EST DIVISE

WINTER BREAK ★★★★☆/ ★☆☆☆☆

De Alexander Payne

POUR

Dans une esthétique du cinéma des années 70, époque où se situe son action, Winter break met en scène un prof misanthrope qui, prié de rester surveiller le lycée où il enseigne pendant les vacances de fin d’année, se retrouve à devoir passer Noël avec un de ses élèves insubordonné et la cuisinière de l’établissement, meurtrie par la mort de son fils au Vietnam. Exit le ton doux- amer, l’esprit moqueur à l’œuvre dans ses ses films précédents. Payne assume à 100% la fibre sentimentaliste de son récit, joue avec les situations attendues et les clichés de ce choc des contraires comme un patineur avec l’exercice des figures imposées. Il ne surplombe jamais ses personnages et naître une mélancolie poignante, à rebours du cynisme roi de notre époque. LE film de Noël de cette année 2023.

Thierry Cheze

CONTRE

Winter Break est un conte de Noël sis dans une grande université américaine, hantée par un prof de d’Histoire ancienne (!) La pédanterie teintée d’agressivité du tyran (Paul Giamatti) cache on s’en doute un flot de tristesse refoulée d’où peut naitre un sursaut d’humanité. Cette irruption sentimentaliste sera rendue possible grâce à un panel d’exclus, gentils tout plein (la secrétaire afro-américaine au grand cœur, l’élève turbulent ultrasensible rejeté par sa famille…) Que faire d’un tel tableau où la moindre fissure est aussitôt colmatée ? Le cinéma de Payne (Sideways, Monsieur Schmidt, Nebraska…), n’a rien d’autre chose à offrir qu’une vision normée d’un monde que le cinéma ne saurait contrarier.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

SIROCCO ET LE ROYAUME DES COURANTS D’AIR ★★☆☆☆

De Benoît Chieux

Deux sœurs de 4 et 8 ans découvrent un passage secret vers le Royaume des courants d’air, lieu imaginaire décrit dans leur livre favori. Séparées et transformées en chats, elles doivent affronter Sirocco, le maître des vents et des tempêtes, pour espérer rejoindre le monde réel. Légèrement psychédélique et patiné comme un film d’animation des années 70, Sirocco… est un étrange objet qui crée des ponts entre l’oeuvre de Mœbius, Le Magicien d’Oz et Max et les Maximonstres. Le film de Benoît Chieux (Tante Hilda !) carbure à la poésie visuelle (l'idée du vent représenté « physiquement » est une pure réussite) et au burlesque (le maire du village à la démarche déglinguée). On regretta cependant l’animation légèrement datée et un récit qui refuse un peu plus de complexité à ses personnages.

François Léger

LES INSEPARABLES ★★☆☆☆

De Jérémie Degruson

Don est une marionnette qui souffre de n’enchaîner que des rôles de bouffons dans un théâtre de Central Park. DJ Doggie Dog, une peluche abandonnée s’imagine, lui, en star du rap. Les Inséparables orchestre la rencontre de ces deux solitudes et célèbre leur capacité à transformer leurs rêves inaccessibles en réalité. Le point de fort du nouveau Jérémie Degruson (Bigfoot Junior) tient dans l’animation, mélange savamment orchestré de 2D et de 3D, en particulier dans les scènes épiques où Don s’imagine affronter des lions rugissants et des vagues dantesques quand il n’a devant lui que des gentils toutous et le calme plat des étendues d’eau du parc new- yorkais. Dommage que le scénario pourtant signé par deux co- auteurs de Toy story, trop mécanique et trop explicatif dans les messages qu’il veut délivrer, tue dans l’œuf cette poésie malicieuse qui fait le sel des grands Pixar.

Thierry Cheze

SHTTL ★★☆☆☆

De Adi Walter

La veille de l’invasion de l’Ukraine par l’Allemagne nazie, un village qui s’apprête à célébrer un mariage vit ses dernières heures de sérénité. La promesse des grandes discussions philosophiques et métaphysiques laisse finalement la place à une manie poussive pour le plan séquence et la virtuosité des mouvements de la caméra, du passage du noir et blanc à la couleur. Le procédé asphyxie toutes les relations entre les personnages, et empêche aux thèmes riches de se déployer convenablement (tourné en yiddish, le film interroge notamment l’identité juive en Europe orientale). Le plan séquence final, supposé témoigner de l’horreur de l’assaut, pense peut-être s’inscrire dans la lignée de Requiem pour un massacre de Klimov… il emprunte surtout aux codes du jeu vidéo et à 1917 de Sam Mendes.

Nicolas Moreno

 

Et aussi

Follow_dead, de John McPhail

La reprise

The Strong man, de Frank Capra