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"Les gens sont arrivés marqués par la crise et le désenchantement, ils repartent mobilisés comme jamais pour faire vivre le cinéma" déclare Thierry Frémaux dans un entretien accordé au Parisien en ce matin de gueule de bois post-élections européennes.

Le quotidien de Paris a demandé au délégué général du Festival de Cannes de commenter le Palmarès et de répondre aux inévitables critiques.

"Les discussions du jury furent animées mais Winter Sleep s'est vite imposé" révèle Frémaux, qui estime que le film de Nuri Bilge Ceylan est "extraordinaire par sa durée, son ambition et son accomplissement". N'en déplaise aux esprits chagrins de Nice Matin par exemple, qui déplorent "un film trop long, trop bavard, trop ennuyeux". "Nice Matin est le journal local d'un festival dont il ne comprend pas toujours l'âme et l'identité" répond poliment le sélectionneur, dont on imagine tout le bien qu'il pense du canard. Ou des critiques du Figaro qui, comme chaque année, boudent le Palmarès officiel ; cette année justement, les journalistes du quotidien national avaient décerné "la Palme de plomb" à Winter Sleep : "Après les silences d'Il était une fois en Anatolie, l'assommant bavardage d'un couple qui se déchire dans un hôtel reculé. Assez beau (trop ?), d'une lenteur complaisante, ce roman-photo pseudo-bergmanien enfile les clichés dans une lumière en demi-teinte. Évidemment, les festivaliers se pâment. Ils sont bien les seuls."

Si Le Figaro anticipe un peu sur la question du succès en salles d'un film turc de trois heures..., il ne prend évidemment pas trop de risque : Winter Sleep n'est pas franchement calibré pour cartonner en salles, et ce n'est pas forcément son but, mais il bénéficiera forcément de sa distinction cannoise, comme le confirme Thierry Frémaux : "Il y aura évidemment un effet Palme d'Or et il séduira beaucoup de gens qui n'y seraient pas allés sans cette reconnaissance. Et même s'il ne fait pas les entrées de Godzilla : il n'est pas conçu pour cela." Verdict à partir du 13 août prochain.

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