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"Grâce au générique, une major devient une star, un film en soi", explique Alexandre Tylski dans une vidéo de la série Blow Up d'Arte. Le montage revient sur les nombreux logos de studio détournés au cinéma. A ce petit jeu là, la Warner est sans doute la plus inventive. On a ainsi pu voir les deux fameuse lettres du studio revisitées chez Joe Dante pour Gremlins 2, chez David Fincher avec des boutons pour Benjamin Button, mais aussi visitée par une soucoupe volante dans Mars Attacks ou une chouette pour Le Royaume de Ga'Hoole - la légende des gardiens. Depuis une quinzaine d'années, le cinéma français s'y met aussi. Il y a par exemple Pathé dont le coq a été dépoussiéré pour Incontrôlable, le logo de Mars inversé pour Irréversible de Gaspar Noé ou encore le logo de Gaumont qui s'est vu agrémenté d'arabesques pour Il était une fois dans l'Oued. Cette pratique ludique ne date pas d'hier, que ce soit par exemple dans le générique de La Blonde Explosive (1957), où le jingle de la Fox a droit à une sympathique reprise à la contrebasse, ou bien dans Thank God It's Friday, où le bien sage logo de la Columbia se mue en western cartoonisé.A force d'être utilisé à toutes les sauces, le détournement de logo a tout d'une recette publicitaire. Des années après Marcel Duchamp et les situationnistes en effet, "jouer avec les icônes relève souvent de la mode", avance Tylski. La plupart des blockbusters ont désormais droit à leur logo détourné, si bien que leur aspect subversif s'étiole un peu, pour rester confiné dans le culte finalement consensuel et gadgétisé de leur écurie/marque. Autrement dit, "les majors ont digéré la rebellion". Tant pis pour la rebellion, tant mieux pour nos pupilles.