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Depuis trois ans, le vidéaste arty Clayton Cubitt filme des personnalités underground en train de lire en prenant leur pied.

L'orgasme féminin.
Existe-t-il sujet plus fascinant ?
A en croire la tendance actuelle, le propos est plus que jamais d'actualité. Et pas seulement au cinéma. Car si Lars Von Trier et Gaspar Noé se sont notamment intéressés au sujet avec les récents et très différents Nymphomaniac et Love, la représentation de l'orgasme féminin inonde aujourd'hui et plus que jamais les médias.

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De l'Asie à l'Amérique du Sud en passant par l'Europe et les Etats-Unis, l'orgasme féminin est omniprésent, ça jouit dans tous les sens, à tous les âges et aux quatre coins du monde. Et on le montre.
Si le Japon a lancé un concept de karaoké masculin qui voit des chanteurs en herbe dans l'obligation de performer pendant qu'une charmante hôtesse leur délivre un happy ending sans préambule, c'est bien l'orgasme féminin qui fascine depuis toujours.

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Et c'est ce qu'a compris l'artiste et vidéaste américain Clayton Cubitt qui travaille depuis trois ans sur sa représentation.
L'artiste, qui a surtout travaillé dans la mode, le documentaire (en allant réaliser notamment des interviews des survivants de l'ouragan Katrina) et le portrait de célébrités, réalise depuis 2012 une série de vidéos intitulée Hysterical Literature, qui voit des personnalités arty et underground être filmées en train de lire pendant qu'elles ont un orgasme.
Le concept ? Chaque personnalité choisit un livre, s'installe devant une table et se fait filmer en plan fixe dans un superbe noir et blanc en train de lire à voix haute un passage de l'ouvrage. Mais sous la table se trouve Katie James, la compagne de Cubitt, avec un vibromasseur qui va stimuler dès le début de la lecture le clitoris de la lectrice, jusqu'à l'orgasme.


Depuis trois ans, Cubitt a donc vu passer à sa table une douzaine de personnalités, allant de la pornostar arty Stoya (pour près de 20 millions de vues à elle seule), en passant par l'actrice Margaret Cho (The Doom Generation), la star du burlesque Stormy Leather, et même la danseuse et écrivaine Toni Bentley (qui vient de raconter son expérience dans le nouveau numéro de Vanity Fair).


Au-delà de redécouvrir les oeuvres de James Joyce, Bret Easton Ellis ou Anthony Burgess comme on en a rarement eu l'occasion, et de relier le plaisir primal à la lecture (la démarche de l'artiste étant de relier le corps à l'esprit et de démontrer que la littérature donne du plaisir au sens propre comme au figuré), c'est bien sûr l'occasion de découvrir des visages, d'entendre des respirations, de voir des doigts se crisper, des corps se tordre, voir monter le plaisir, crûment, directement, réellement, frontalement.
Plus crédibles que Meg Ryan dans Quand Harry rencontre Sally, plus sonores que les affiches orgasmiques de Nymphomaniac, les vidéos de Clayton Cubitt (vues près de 50 millions de fois dans plus de deux cents pays) fascinent et intriguent, sont belles et attirantes, scotchantes et excitantes. Des vidéos où plus que le plaisir, l'abandon est visible et palpable. L'abandon de soi, l'oubli de l'autre. Seule et isolée avec son plaisir charnel qui ravage tout, anihile le reste. La lecture n'est plus, la caméra est partie. Ne reste que la jouissance, captée comme rarement.


Si Cubitt poursuit aujourd'hui son oeuvre initiée en 2012 et a déjà réalisé de nombreuses vidéos sur le sujet, son concept a fait des émules et depuis le début d'année 2015, un collectif brésilien baptisé Puro Extase s'amuse à filmer des jeunes femmes prendre leur pied (à l'instar de la série Hysterical Literature, aucune image porno n'est visible mais le clitoris des participantes est stimulé par un vibreur suivant le même concept) en train de faire du coloriagede se faire tatouer, ou même de faire une partie de Mario Kart.