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Pesticides, additifs, plastiques… nous en consommons chaque jour. Sont-ils inoffensifs ? Selon Marie-Monique Robin, déjà primée pour un film choc sur les OGM, pas du tout. Rencontre avec la réalisatrice de Notre poison quotidien, diffusé à 20h40 sur Arte.

Pesticides, additifs, plastiques… nous en consommons chaque jour. Sont-ils inoffensifs ? Selon Marie-Monique Robin, déjà primée pour un film choc sur les OGM, pas du tout. Rencontre avec la réalisatrice de Notre poison quotidien, diffusé à 20h40 sur Arte.On lui doit notamment Le Monde selon Monsanto. Ce documentaire sur la multinationale américaine leader dans le domaine des OGM lui a valu le prix spécial du jury au Festival international du scoop d’Angers. Cette fois, elle a interrogé des agriculteurs, des toxicologues, des agences de réglementation, des représentants de l’industrie…pagebreak C’est votre film sur les OGM qui vous a mis sur la piste de ce sujet ? Lors des présentations de Monsanto dans toute la France, le public m’a bombardée de questions sur les risques des produits phytosanitaires (pesticides) utilisés dans l’agriculture. Actuellement, je reçois 30 demandes par jour de projections de Notre poison quotidien, avant même qu’il soit diffusé sur Arte. Il y a une attente énorme.pagebreak Vous menez l’enquête à la première personne. Pourquoi une telle implication ? Je suis fille de paysans. En gérant une ferme dans les Deux-Sèvres, mes parents ont été des acteurs de la "révolution verte" productiviste, qui a introduit les produits chimiques à haute dose. Depuis, l’associé de mon père a été atteint d’un cancer du foie, un de ses cousins, de la maladie de Parkinson à 48 ans, un oncle, d’un cancer de la prostate… Plus j’avançais, plus ce que j’apprenais faisait écho à ma vie.pagebreak Votre enquête sur l’aspartame, un édulcorant chimique qui provoque des troubles, ressemble plutôt un réquisitoire ?Je montre comment les tests américains réalisés pour son autorisation de mise sur le marché ont été truqués. Ce produit ne présente aucun intérêt, hormis son coût, beaucoup moins élevé que le sucre naturel. Ses bienfaits contre le surpoids ne sont pas avérés. Au contraire. Cette molécule qui entre dans l’alimentation devrait subir les mêmes protocoles d’évaluation que les médicaments. Ce n’est pas le cas.pagebreak Pourquoi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) n’a-t-elle pas émis d’avis négatif alors qu’un de ses experts, le Pr Narbonne, s’est prononcé contre ?Les agences d’évaluation ont du mal à reconnaître qu’elles se sont trompées car ce serait la porte ouverte à de futurs scandales. On vient de voir les cas de l’amiante et du Mediator. Néanmoins les choses changent. Coca Cola cherche à remplacer l’aspartame par la stevia, un édulcorant naturel. L’aspartame disparaîtra, progressivement et en silence.pagebreak Idem pour le bisphénol A qu’on trouve dans les plastiques durs et l’intérieur des canettes ? En France, son utilisation dans les biberons n’est que suspendue, mais on va vers son interdiction. Des distributeurs comme Système U et Carrefour anticipent en retirant les facturettes et tickets qui laissent des traces de cette molécule sur les doigts des caissières.pagebreak On a l’impression d’un film à charge contre l’industrie chimique. C’était votre intention ? Je leur ai donné la parole, ils n’ont pas voulu la prendre. Mais j’ai obtenu des interviews de 17 représentants des agences de réglementation, ce qui est exceptionnel.pagebreak Propos recueillis par Nadine Bucharles pour Télé 7 Jours