Après des mois de silence malgré l’annonce de son arrivée sur France 2 dès septembre dernier, Hicham Nazzal sort enfin de son silence médiatique à l’occasion de la diffusion à 20h50 du "document du réel" Roméo et Juliette qu’il présente. Interview.

Hicham Nazzal, inconnu du grand public en France, est une star de la télévision au Maroc. Présentateur de la Star Academy locale, il a réalisé des records d’audience en réunissant jusqu’à 90% du public ! Pour son arrivée sur France 2, la chaîne lui a confié la présentation d’un projet ambitieux : Roméo et Juliette, un documentaire d’un nouveau genre.A 33 ans, cet animateur de télévision et acteur vu notamment dans Munich de Steven Spielberg et la deuxième saison de la série de Canal+ Braquo est l’espoir masculin de l’année de France 2. Déterminé à défendre l’émission Roméo et Juliette, et conscient de son rôle de symbole de la diversité, Hicham Nazzal en dit plus sur son arrivée sur le service public et sur son avenir à la télévision.Cela fait longtemps que l’on entendait parler de vous, et enfin, les téléspectateurs vont vous découvrir à l’écran. Pourquoi est-ce que ça a été si long ?Hicham Nazzal : C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de presse à mon arrivée sur France 2. Je le vis très bien, car j’ai 10 ans d’expérience derrière moi avec la présentation au Maroc de la Star Ac, du Festival de Marrakech et mon parcours de comédien. Je suis très fier de ce projet, de sa qualité. Je suis aussi fier d’arriver sur la chaîne avec un prime-time assez fort. Je comprends que cela paraisse tardif, mais plutôt que d’enregistrer mes plateaux à part, comme d’autres auraient pu le faire, j’ai vécu le tournage en immersion, j’ai rencontré les lycéens, leurs parents, le rectorat…Votre façon de présenter les plateaux justement, au milieu des jeunes qui discutent ou répètent, est surprenante…Ca ne sert à rien d’animer de façon conventionnelle, c’est-à-dire d’enregistrer les plateaux hors contexte. Nous voulions créer une nouvelle façon d’animer, je l’ai vécu au jour le jour. On s’est servi de mon expérience de comédien pour enregistrer les lancements, dont certains n’étaient décidés que quelques minutes avant le tournage. C’était à moi de m’adapter à la situation : à aucun moment on a demandé aux élèves de refaire une "scène".Comment êtes-vous arrivé sur ce projet atypique ?France 2 avait envie de travailler avec moi depuis longtemps, grâce au directeur des magazines culturels Arnaud Ngatcha. Mon arrivée a été annoncée en conférence de presse, et les dirigeants de la chaîne l’ont répété, je suis là sur la durée. France 2 a eu l’intelligence de tester quelque chose de nouveau, de faire de la culture à la télévision, en faisant appel à un nouveau visage. De mon côté, j’avais envie de travailler sur un concept emblématique et fort. Je me suis impliqué à tous les stades de ce projet, et c’est pour ça que j’ai refusé toutes les demandes d’interview jusqu’à présent. Je voulais qu’on nous laisse le temps de travailler. Je l’ai fait avec beaucoup d’humilité, je voulais avoir du recul. Je ressemble à 100% à ce projet.Si l’on a beaucoup parlé de votre arrivée à France 2, c’est aussi parce que vous alliez représenter la diversité. C’est important pour vous ?Je ne suis pas langue de bois. France 2 me fait confiance, et veut m’installer en tant qu’animateur de prime-time parce que je représente la jeunesse, la diversité, et la diversité des expériences. Je peux m’adresser à la jeunesse, j’ai grandi dans une cité de la banlieue de Bordeaux. Et France 2 a le devoir de faire une télévision qui ressemble à ceux qui la regardent.Récemment, on parlait de vous pour animer une émission qui se serait appelée Affaire suivante… Qu’en est-il ?Je me suis retiré de ce projet, car je veux rester dans le domaine de la culture. Je veux travailler sur des projets qualitatifs, marquants, qui créent l’événement. Ce que je veux dire, c’est que je ne cherche pas à être le plus souvent possible à l’antenne, moi ce qui m’intéresse ce sont les projets.Et justement, de nouveaux projets, vous en avez ?C’est flatteur, je reçois beaucoup de propositions d’autres chaines, mais je me déterminerai en juin, en fonction des projets. L’important, c’est que l’on me propose quelque chose d’aussi fort que Roméo et Juliette. Mais je suis loyal et fidèle à France 2.Vous avez un projet d’émission avec France 2 alors ?France 2 m’a proposé quelque chose, mais rien n’est signé.L’expérience a démontré que de belles émissions, originales, pouvaient faire de mauvaises audiences. Vous y pensez ?Oui, c’est une crainte que j’ai, car par le passé, j’ai toujours fait de l’audience. C’est important pour moi car je veux que cela plaise au plus grand monde. Je n’ai pas de clause d’audience, mais je suis curieux de voir les résultats. Mercredi matin, j’attendrai les audiences avec impatience.Le risque est que le public soit dérouté par l’appellation "document du réel". Que pouvez-vous leur dire pour les inciter à regarder ?Roméo et Juliette, c’est l’arrivée d’un nouveau format, d’un nouvel animateur, et la parole donnée à la jeunesse. J’invite les téléspectateurs à venir voir cette jeunesse, passionnée. Parce qu’elle est belle notre jeunesse française !Christelle Devesa