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Desplechin, Spielberg, James Gray... On soumet les influences des Anarchistes à son réalisateur.

Histoire d’un flic infiltré (Tahar Rahim) qui tombe amoureux d’une anarchiste (Adèle Exarchopoulos) dans le Paris de 1899, Les Anarchistes convoque les influences de Desplechin, Spielberg, James Gray… On soumet cinq titres de film au réalisateur Elie Wajeman, il nous dit si on a vu juste ou pas.

Traître sur commande (Martin Ritt, 1970)
Même sujet (un infiltré se lie d’amitié avec une bande de révolutionnaires), même époque (la fin du XIXème siècle), même moustaches…


Elie Wajeman : « C’est un film méconnu, magnifique. Je l’ai découvert quand il est ressorti en salles il y a quatre ans. Peu de temps après, j’ai vu une mise en scène des Démons, de Dostoïevski, sur un groupe d’anarchistes. Ces deux influences se sont mêlées et ont donné naissance à mon film. J’aime l’idée de traiter d’un grand sujet, de politique, de l’histoire d’un pays, mais via les sentiments. Et aussi de filmer un traître, un salaud, avec douceur. »

The Yards (James Gray, 2000)
Dans un monde en clair-obscur, un homme est contraint de trahir les siens.


« C’est un film super important pour moi. J’aime le mélange entre le portrait d’un jeune homme et une réflexion plus large sur l’Amérique et la fin du prolétariat. Gray se réapproprie Le Parrain, mais en plus « down ». Je suis sensible à cette idée du grand film pris par en-dessous. Après, il y a une solennité chez lui que je ne recherche pas forcément. Mais comme sur l’affiche de mon premier film, Aliyah, il y avait écrit : « Un polar racé façon James Gray », je suis censé être le James Gray français. Bon, OK, j’assume ! »

Esther Kahn (Arnaud Desplechin, 2000)
Un portrait de femme, le XIXème siècle, le drame en costumes… 


« C’est un grand film. J’en suis dingue. Il y a dedans au moins trois choses fondamentales qui m’ont guidé pour Les Anarchistes : l’utilisation de la caméra à l’épaule dans des espaces exigus ; le choix des décors naturels ; et l’envie de faire dire des « choses impossibles » aux acteurs. Des dialogues très élaborés. Ils jouent L’Illusion Comique au théâtre, pourquoi leur faire dire des banalités au cinéma ? Desplechin a eu une énorme influence sur moi. J’avais un poster de La Sentinelle dans ma chambre à 13 ans. »

Munich (Steven Spielberg, 2006)
Les Anarchistes baigne dans une lumière bleutée parfois trouée de grands jets de lumière blanche. L’influence de Janusz Kaminski, le chef op historique de Spielberg ?


« Bien vu ! Kaminski est le maître de mon chef op’, David Chizallet. La lumière est très importante dans le film, on avait envie de ces grandes entrées de lumière qui blanchissent tout. David a décidé de faire la lumière sur le plateau, avec très peu de post-prod. Notre étalonneur trouvait qu’on prenait un gros risque. Mais le contexte du XIXème siècle nous permettait de pousser plus loin ce qu’on avait déjà entrepris dans Aliyah. La presse me le reproche, d’ailleurs. A Cannes, certains trouvaient la lumière trop belle… »

Miami Vice (Michael Mann, 2006)
Un flic infiltré ne distingue plus le vrai du faux et tombe amoureux de sa proie. 


« Bof… Ce n’est pas un film qui m’intéresse particulièrement. Et le flic n’est quand même pas très discret. Non, ma vraie référence dans le genre « infiltré amoureux », c’est Les Anges de la Nuit, avec Sean Penn et Robin Wright. Magnifique. J’adore ces petits films, pas indépassables. Comme La Main droite du diable, ou Comme un chien enragé. Et Rush, tu connais Rush ? Ça se passe dans le Texas des 70s, avec Jason Patrick, sur un couple de flics infiltrés qui plongent dans la dope. Très touchant, hyper beau. J’aimerais bien le remaker celui-là… »

Les Anarchistes d'Elie Wajeman avec Tahar Rahim, Adèle Exarchopoulos, Swann Arlaud sort en salles le 11 novembre.

Propos recueillis par Frédéric Foubert