#Jesuislà d'Eric Lartigau
Gaumont Distribution

Bouleversant de sensibilité en restaurateur à la recherche de l’amour dans le film d’Eric Lartigau à voir ce dimanche sur France 2, il s’était confié à nous à sa sortie, en 2019.

Cela fait six ans qu’on ne vous avait pas vu tenir un premier rôle chez un autre réalisateur que vous. Pour quelle raison ?

Alain Chabat : Ce n’est absolument pas calculé. Ca tient beaucoup du timing. J’ai régulièrement des propositions mais, comme j’ai la chance de pouvoir me le permettre, il faut que le projet me plaise évidemment, mais aussi qu’il me parle au moment précis où on me le propose et que les réalisateurs et les partenaires m’emballent. A mes yeux, la façon de faire le film est aussi importante que le sujet et le rôle. Et ce depuis toujours. J’ai refusé plein de choses, y compris des scénarios que je trouvais hyper bien écrits, car je pensais que j’allais être malheureux au bout d’une semaine. Mais dans le cas de #jesuislà, Eric (Lartigau) m’a d’abord simplement dit qu’il écrivait quelque chose sans plus de précision. Et puis un jour, il est venu avec le script sans m’en dire plus et me l’a laissé.

Comment avez-vous réagi ?

Je l’ai lu d’une traite et je me suis souvenu qu’Eric m’avait vaguement parlé du sujet : un homme qui correspond avec une Coréenne sur Instagram et décide un jour de passer de l’autre côté du miroir en allant la retrouver. Et j’ai été embarqué comme dans un page- turner. Alors qu’honnêtement, j’avais peur de m’ennuyer. C’est un film fait de toutes petites choses. Cette délicatesse m’a emporté. Je me suis aussi souvenu de la manière dont Eric avait transformé et amélioré le scénario de Prête-moi ta main [leur première collaboration en 2006, NDLR] en s’en emparant. Au vu de ses autres films, je me doutais aussi qu’il avait une raison bien à lui de faire ce film. Je n’avais pas découvert précisément laquelle en le lisant mais j’étais sûr de le comprendre plus tard. Et puis, Eric a vraiment un don dans le choix de ses comédiennes et ses comédiens, des adultes aux enfants. Cette alchimie le passionne et il la réussit à chaque fois

 

Alain Chabat au top dans #Jesuislà [critique]

Quel plaisir prenez-vous à jouer devant la caméra des autres ?

Celui de ne pouvoir penser qu’à jouer. Mais pour cela, j’ai besoin d’être dans les mains de quelqu’un qui a un point de vue, même si je ne comprends pas tout sur le moment. C’est le fil rouge de tout ce que j’ai pu accepter, d’Agnès Jaoui à Michel Gondry en passant par Quentin Dupieux. Je pars toujours du principe que s’ils me demandent de jouer telle ou telle partition, c’est ce qu’ils m’en pensent capable. Je ne me pose pas de question de ce point de vue- là. Et je sais aussi que je trouverai chez eux quelque chose en plus de ce que je vois écrit sur les pages de leur scénario. C’est une question de confiance et je me mets dès lors à leur service.

Est- ce aussi le fait que #jesuislà ne soit pas une pure comédie qui vous a poussé à l’accepter, afin de ne pas vous laisser enfermer dans un registre ?

Absolument pas ! J’aurais plutôt la démarche inverse : ne faire que de la comédie. Je n’ai pas cette obsession de rôles plus graves qui me vaudraient éventuellement plus de reconnaissance. Comme acteur ou comme réalisateur d’ailleurs. Sur n’importe quel sujet de départ, quand je me mets à écrire, je n’ai pas de genre précis en tête mais à un moment ou à un autre, la comédie finit par revenir. Après, la comédie peut évidemment prendre plein de formes. #jesuislà en est finalement une sa manière, plus émouvante.


Alain Chabat chez les autres : Gazon Maudit, Prête-moi ta main, Réalité…