Quentin Dupieux à Cannes en 2022 pour Fumer fait tousser
David Nivière/ABACA

Le réalisateur ne donnera pas d’interviews pour la sortie de son nouveau film, présenté en ouverture du Festival de Cannes.

Le deuxième acte, le 13e long-métrage de Quentin Dupieux, ouvrira le Festival de Cannes le 14 mai prochain. Une consécration pour le cinéaste de 50 ans qui était déjà venu sur la Croisette pour présenter Rubber (en 2010), Wrong Cops (2012), Le Daim (2019) et Fumer fait tousser (2022). 

Pourtant, le réalisateur de Steak vient d’annoncer via une note partagée par son distributeur qu’il ne donnerait pas d’interviews pour la sortie du film. Le deuxième acte met en scène Léa Seydoux dans un triangle amoureux avec Louis Garrel et Raphaël Quenard (plus Vincent Lindon dans le rôle du père) se déroulant dans un restaurant perdu au milieu de nulle part. Il arrivera en salle le jour de sa projection à Cannes comme le veut la tradition. 

"J’ai envie de me taire", lâche Quentin Dupieux, estimant qu’il a déjà trop parlé ces dernières années, avec la cadence effrénée de ses réalisations. "Non pas par lassitude ou prétention, mais simplement parce que ce film, très bavard, dit avec des mots bien choisis tout ce que j’ai envie de dire et contient déjà de façon extrêmement limpide sa propre analyse. Il serait donc inutile d’après moi d’écouter un metteur en scène et ses comédiens paraphraser un film dans lequel tout est tout le temps dit et commenté en temps réel. LE DEUXIÈME ACTE ne cache absolument rien."

L’auteur se dit toutefois très enthousiaste à l’idée de présenter son film, et préfère tout simplement laisser la parole aux autres : "Nous sommes réellement impatients de lire vos critiques, commentaires ou insultes (…) il est temps pour moi de fermer mon clapet." 

Dupieux poussera-t-il le vice jusqu’à sécher la conférence de presse du film à Cannes ? Les acteurs du film devront-ils se joindre à son voeux de silence ? 

 

GALERIE
Diaphana

Voici la note intégrale de Quentin Dupieux : 

 

Salut à tous !

Depuis la sortie de mon premier long-métrage en 2007, j’ai toujours pris le temps de dialoguer avec la presse et le public, pour préciser mes intentions et accompagner la promotion des films, comme le font presque tous les cinéastes sur cette planète.

Récemment, la cadence des sorties s’est considérablement accélérée pour moi et j’ai accumulé, sans m’en rendre compte, un temps de parole dans les médias probablement supérieur à la durée de mes 12 films réunis. Un comble.

Aujourd’hui, alors que LE DEUXIÈME ACTE, mon sixième film en quatre ans, mon troisième en un an, s’apprête à ouvrir le Festival de Cannes et à sortir en salles, j’ai envie de me taire.

Non pas par lassitude ou prétention, mais simplement parce que ce film, très bavard, dit avec des mots bien choisis tout ce que j’ai envie de dire et contient déjà de façon extrêmement limpide sa propre analyse. Il serait donc inutile d’après moi d’écouter un metteur en scène et ses comédiens paraphraser un film dans lequel tout est tout le temps dit et commenté en temps réel.

LE DEUXIÈME ACTE ne cache absolument rien.

Par contre, vous remettre cet objet et vous laisser en parler avec vos mots est un moment particulièrement joyeux et excitant pour nous tous.

Nous sommes réellement impatients de lire vos critiques, commentaires ou insultes.

Vous remarquerez que ce texte est chiant comme la pluie, mais pourtant le film dont il est question l’est beaucoup moins.

Encore une preuve frappante qu’il est temps pour moi de fermer mon clapet.

La parole est à vous !

 

Quentin DUPIEUX