Toutes les critiques de Il reste encore demain

Les critiques de Première

  1. Première
    par Lucie Chiquer

     En Italie, la figure féministe de 2023, ce n’est pas la Barbie de Margot Robbie. Car avec son premier long métrage C'é ancora domani, de son titre original, l’actrice et réalisatrice Paola Cortellesi a fait mouche en octobre dernier au point d’arriver en tête du box-office italien, devant Greta Gerwig. Une gifle. Autant au sens figuré qu’au sens propre. Car c’est par une énorme baffe que s’ouvre le film : celle que se prend Délia, chaque jour au réveil, par son mari autoritaire et violent, avant de vaquer à ses occupations de mère de famille (elle n'est plus que ça aux yeux du monde) dans l’Italie d’après-guerre. Un geste qui donne d’emblée le ton du récit : dénoncer les violences conjugales par l’absurde, ridiculiser la brutalité pour n’en garder que l’emprise, jusqu’à transformer une scène d’agression en tango à deux. Loin d’être révolutionnaire dans son message, le film surprend cependant par son exécution espiègle. Il reste encore demain joue avec son spectateur, le fait tourner en bourrique, l'emmène par-ci, puis par là, jusqu’à lui faire croire que la perspective d'émancipation de Délia se fera d'une manière bien précise. Pourtant, la fuite tant désirée n’est pas celle soupçonnée et l’issue offre une épatante seconde lecture à l'éveil féministe du personnage. En invoquant le passé, la réalisatrice italienne signe ici un film poignant et actuel qui résonnera chez chaque femme, qu’importe sa génération.