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Le nouveau film de Gore Verbinski confirme que le réalisateur de Pirates des Caraïbes est un grand.

Il y a un certain temps, Gore Verbinski était le roi du monde : réalisateur des trois premiers Pirates des Caraïbes, il se planta dans les grandes largeurs avec Lone Ranger - peut-être son chef-d'oeuvre, un blockbuster punk et rageur aussi spectaculaire que violent. C'était il y a quatre ans. Après un flop en salles aux dimensions de Lone Ranger, Verbinski (qui n'avait pas prévu de film immédiatement après par sécurité) aurait dû donc revenir aux affaires par la petite porte, par un projet sûr, routinier. C'est mal connaître le bonhomme. A Cure for Life ne joue à aucun moment la sécurité. Hallucinant et audacieux, ce film d'horreur sanglant, violent et cauchemardesque, ne joue la familiarité que par la référence à la veine classique du cinéma gothique qui passerait par Murnau, James Whale, ou encore Terence Fisher. Un château perdu dans la montagne, une clinique où se trament d'étranges expériences, un jeune héros qui perd à la fois son chemin et la raison dans les méandres du lieu : le cadre et le contexte sont donc familiers (le film reprend également les principes de La Montagne magique de Thomas Mann, roman qui apparaît d'ailleurs ici dans les mains d'un infirmier en forme de clin d'oeil). Mais ce canevas est pour Verbinski le matériau d’un cinéma spectaculairement ciselé. Chaque plan prend sens dans sa séquence, chaque séquence dans l'ensemble du film ; la direction artistique de A Cure for Life est affirmée jusqu'à la dernière image.

Oeuvre au noir
Le feu, l'air, l'eau et la terre abondent à l'écran dans leur état primal : Verbinski compose son film comme un alchimiste très patient (le cadre du chef op Bojan Bazelli, déjà à l'oeuvre sur Lone Ranger, est splendide) et opère le passage de Dane DeHaan vers un état de conscience autre. Il n'importe pas de faire de la morale (le sous-texte sur la maladie inhérente au capitalisme est très vite évacué), mais bien du cinéma qui fait flamber les cadres établis. Verbinski ne se réduit pas à l'ésotérisme : son final flamboyant et romanesque précipite le thème de la violence sexuelle esquissé dans Pirates des Caraïbes : Le Secret du coffre maudit. De par sa durée (2h30), sa violence (des passages traumatisants rythment régulièrement le métrage pour éprouver aussi bien le personnage que les spectateurs) et sa vision d'auteur, A Cure for Life est d'une audace proprement incroyable pour un film de studio. En parlant d'audace, lors d'une scène se déroulant dans un sauna, le réalisateur prend ainsi un malin plaisir à montrer la nudité complète et frontale de personnes âgées, sans artifice embellissant ni voyeurisme déplacé. Un pied de nez significatif à la pudeur hollywoodienne au sein d'une grande œuvre au noir qui porte véritablement la marque d'un auteur, un vrai.

Bande-annonce de A Cure for Life :