Le Dernier jaguar : Que vaut la suite spirituelle de Mia et le lion blanc ? [critique]
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Gilles de Maistre filme un nouvel animal sauvage dans une fiction familiale et écolo.

En fin d'année 2018, Gilles de Maistre avait bluffé le jeune public grâce à Mia et le lion blanc. Filmé avec l'aide du zoologue Kevin Richardson, alias "l’homme qui murmurait à l’oreille des lions", ce récit d'amitié entre une fillette et un lionceau grandissant à ses cotés avant d'être menacé par des braconniers, était convaincant, surtout grâce à ses scènes incroyables où l'héroïne côtoyait l'animal, marchant à ses côtés ou lui faisant carrément des câlins, même quand celui-ci avait atteint sa taille adulte.

"La prévisibilité de l’intrigue et les petites approximations de l’interprétation sont vite pardonnées tant les scènes où Mia adolescente joue avec le félin adulte sont à couper le souffle", écrivait-on à sa sortie dans notre critique.

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Le projet d'une suite avait rapidement été évoqué, mais il était impossible de retrouver la même comédienne et le même félin après la fin du tournage exceptionnel de ce film, étalé sur plusieurs années pour "apprivoiser" le félin. Une fois le lien brisé entre la jeune ado et l'animal, l'équipe ne pouvait plus le recréer.

Après deux autres projets, le docu Demain est à nous (2019), suivant des enfants voulant changer le monde, et la fiction animale Le Loup et le lion (2021), le réalisateur et sa co-scénariste Prune de Maistre ont donc eu l'idée d'une histoire très proche de celle de Mia, mais avec un jaguar, cette fois. Soit une créature tout aussi sauvage... et victime d'un sanglant trafic.

Le Dernier jaguar nous emmène donc au cœur de l'Amazonie, sur les traces de Hope, dernier animal de son espèce à survivre dans la nature. La jeune Autumn (jouée par Airam Camacho, puis par Lumi Pollack) l'a côtoyé dans son enfance au sein d'une tribu locale, avant un drame qui a poussé son père à l'emmener vivre à New York. Quand elle apprend que la bête est en danger, elle prend le premier avion pour tenter de le sauver, en cachette. Elle entraîne malgré elle sa prof de SVT (Emily Bett Rickards d'Arrow), une femme agoraphobe qui ne peut rien faire sans l'aide de son petit hérisson.

Le Dernier jaguar : Que vaut cette suite spirituelle de Mia et le lion blanc ? [critique]
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Si l'on pense évidemment à La Forêt d'Emeraude, de John Boorman, ou au cinéma de Jean-Jacques Annaud (Deux frères en tête), Le Dernier Jaguar n'est malheureusement pas aussi marquant que ses modèles. Ni que Mia et le Lion blanc. On y retrouve ses qualités, à savoir des scènes spectaculaires entre la jeune comédienne et le jaguar immense.

Celui-ci a été élevé à ses côtés durant plusieurs mois, permettant de créer cette proximité qui est littéralement filmée sous tous les angles. Parmi toutes les comédiennes approchées pour ce projet, Lumi a été choisie parce qu'elle était la plus à l'aise avec le jaguar, la plus curieuse, à l'écoute des animaux, et cela se ressent à l'écran. Elle a d'ailleurs failli ne pas faire le film, la SAG-AFTRA (le syndicat des acteurs américains, à laquelle elle était rattachée depuis sa participation à The Fallout, en 2021) trouvant le concept d faire tourner une jeune fille de 13 ans avec un véritable animal sauvage trop dangereux.

Le film est véritablement construit autour de cette relation, les retrouvailles entre Autumn et Hope étant pensées comme le climax du Dernier Jaguar. Malheureusement, au-delà de ces scènes clés, l'intrigue s'embourbe dans des situations peu crédibles, surtout à cause du second rôle comique qui multiplie les gags grotesques. Le film alterne entre naïveté et blagues, et appuie à plusieurs reprises ses messages, certes importants, de la préservation de la faune sauvage et de la volonté d'aller au bout de ses idéaux. Mais à force de trop en faire, il est finalement moins émouvant que Mia. Sans doute aussi parce qu'il n'a pas été entièrement tourné dans des décors naturels ? L'ambiance est trop artificielle pour nous faire voyager autant qu'on l'aurait souhaité avec Autumn et Hope...