DR

Entre deux seconds rôles aux États-Unis (Jurassic World, Inferno...) Omar Sy fait un détour par la France pour Chocolat. L’histoire du premier artiste de cirque noir du début du XXe siècle, étrangement tombé dans l’oubli. Rencontre avec un acteur qui a modifié sa façon de jouer pour le rôle.

Pour quelles raisons Chocolat a retenu votre attention ?
Ce n’est pas une proposition courante pour moi de jouer dans un film d’époque. Et il y a évidemment Rafael Padilla (le vrai nom du clown Chocolat, NDLR), son parcours, d’où il vient, par quoi il est passé. Tout ça est passionnant humainement parlant mais aussi en termes de cinéma. L’idée de rendre hommage à cet homme qui a été totalement oublié était passionnante. Et comme je viens d’un duo comique, qui est l’héritage du clown blanc et de l’Auguste, ça me semblait logique de rendre à Footit et Chocolat ce qu’ils ont créé. Et peut-être indirectement - inconsciemment ou consciemment - de parler de moi aussi. Un artiste noir en France.

Le rôle semble aussi tomber à pic pour montrer une autre facette de votre talent.
Ça tombait à pic, mais je n’en avais pas aussi conscience avant de le voir. On me l’a proposé pile au moment où Intouchables était en train de sortir, et je commençais à sentir ce qui se passait pour moi et ma carrière. D’un coup ce projet intéressant et ambitieux arrive. En fait c’est le premier que j’ai choisi après le succès Intouchables, j’avais plus confiance en moi. J’ai vu tout ce que le personnage avait à me proposer en tant qu’acteur, toutes ces nouvelles choses que j’allais apprendre avec lui. J’ai rencontré des gens qui venaient d’un autre cinéma, avec d’autres méthodes. Je me suis nourri de tout ça.  


 

C’est quelque chose de nouveau pour vous, de jouer autant avec votre corps.
Oui et c’est tout le travail qui a été fait avec James Thiérrée. Quand on s’est rencontré, on s’est beaucoup parlé. Lui s’exprime par le corps, moi par le verbe. Il fallait qu’on arrive à rebondir l’un avec l’autre. J’ai appris à bouger différemment et c’est intéressant parce que j’ai dû déplacer mon sens comique à cet endroit-là. Ça m’a aidé pour le film, mais ça va encore m’aider à l’avenir. C’est quelque chose que j’ai acquis maintenant. Comme le côté sombre que je n’avais pas encore exploré dans d’autres films.

L’entraînement a été épuisant ?
C’était un gros travail, beaucoup de préparation. Mais j’aime ce métier pour ça. J’aime les films pour le tournage et surtout pour la préparation. Là, c’était quatre semaines enfermé avec James, tous les jours, à réadapter les numéros de Footit et Chocolat et les moderniser. C’était intéressant de préparer mon corps à ça, aussi bien physiquement que techniquement. Pour avoir ma sérénité et prendre du plaisir durant le tournage, j’ai besoin de préparer. James m’a conseillé des clowns à observer. Il a une vision particulière du cirque, il est vraiment militant. Il ne supporte pas qu’on puisse caricaturer.

Chocolat - Roschdy Zem : "On s’en veut presque de ne pas avoir connu son existence"

Dans le duo, il a un peu le rôle du grand frère, non ?
Bien sûr, parce qu’on était dans son domaine d’expertise. Il m’a montré la voie et mis à l’aise. On avait très peu de temps et c’était difficile de me faire changer ma façon de bouger, avec le temps on prend des automatismes et on n’a pas forcément envie de modifier ce qui marche. On a cherché tous les deux et c’est passé par des moments magiques mais aussi des disputes intenses. On est passé par beaucoup d’étapes, humainement. C’est pour ça qu’à l’arrivée de ces quatre semaines, le duo était en place. 

Est-ce que Colin Trevorrow vous a demandé de revenir pour Jurassic World 2 ? Vous militez pour qu’il vous trouve un rôle dans Star wars 9 ?

Pour Jurassic World ce n’est pas moi qui décide ! Mais si ça ne tenait qu’à moi, j’aimerais beaucoup. On ne me l’a pas proposé encore, il est en écriture. Sur Star Wars je ne lui ai pas demandé, je n’ai même pas encore envoyé mes voeux de bonne année à Colin !

Chocolat, de Roschdy Zem, avec Omar Sy, James Thiérrée, Clotilde Hesme… Sortie le 3 février.